Ce brûlot provocateur ne laisse pas indifférente une population française qui a toujours eu du mal à se conformer au code de la sécurité routière. Au Québec, bien que moins criante, la situation n'en est pas moins grave.

Ce brûlot provocateur ne laisse pas indifférente une population française qui a toujours eu du mal à se conformer au code de la sécurité routière. Au Québec, bien que moins criante, la situation n'en est pas moins grave.

Bien que le nombre de morts sur les routes françaises a fortement chuté en France ces dernières années, plus de deux millions de Français rouleraient encore sans permis de conduire, même si la répression est de plus en plus forte et le nombre de permis suspendus de plus en plus important.

Airy Routier se vante de conduire sans permis, puisqu'on le lui a retiré pour quelques feux rouges grillés et quelques excès de vitesse. Peccadilles, estime le journaliste. Interpellé trois fois sans permis au cours des 18 derniers mois, il a fini par passer quelques heures en garde à vue dans un commissariat parisien. Il ne comprend toujours pas pourquoi.

Le rebelle caviar a cependant confié au Nouvel Observateur que les honoraires de son avocat lui coûtaient environ 5000 euros (7500 $) pour ce genre d'affaires. Le journaliste dénonce la politique de répression en France, qui «transforme d'honnêtes citoyens en délinquants présumés». Surtout le fait que, jusqu'à il y a quelques années, il suffisait de quelques relations ou d'offrir un (voire deux) petits verres de rouge à un gendarme bien placé pour ne pas payer d'amende.

Selon Cécile Petit, déléguée interministérielle à la sécurité routière, elle-même interrogée par le Nouvel Observateur, Airy Routier fait partie des 9 % de Français qu'elle appelle les «rois du monde». Elle dénonce «un hymne à l'insécurité routière de la part d'un homme individualiste qui vous dit à longueur de pages : quand je suis sur la route, je fais ce qui me plaît». Airy Routier devrait désormais pouvoir aisément payer ses amendes puisque son livre a été tiré à 60 000 exemplaires par Albin Michel.

En Amérique du Nord, la situation n'est pas meilleure.

Selon l'organisme Mother Against Drunk Driving, 58 % des adolescents de l'État du Delaware ont avoué avoir conduit sans permis. Ce nombre est de 35 % au New Jersey. Selon la Foundation For Traffic Safety «un accident mortel sur cinq est attribuable à un conducteur sans permis de conduire ou dont le permis a été suspendu, annulé ou révoqué».

Tant Transports Canada que le Laboratoire des transports de l'Université de Montréal avouent ne pas disposer de statistiques ou d'études sur la conduite sans permis au Québec. Dans une étude sur les récidivistes de l'alcool au volant publiée en 2001, Jacques Bergeron, lui-même chercheur au Laboratoire des transports de l'Université de Montréal, estimait à 5500, soit un peu plus du tiers des récidivistes, le nombre de conducteurs incorrigibles au Québec qui se moquent de la suspension de leur permis. Pour la plupart, ces conducteurs en infraction seraient âgés de 23 à 34 ans, sans emploi et habiteraient plus souvent sur la Côte-Nord, en Gaspésie ou en Abitibi que dans les grandes villes.

Selon le bilan 2005 de la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ), on compte 4,7 millions de titulaires de permis de conduire dans la province, un chiffre en hausse de presque 300 000 par rapport à l'année 2000. Selon la loi québécoise, outre les amendes, quelqu'un qui conduit sans permis de conduire ou avec un permis de conduire non valide voit son véhicule immédiatement saisi pour 30 jours.

En 2005, 19 493 personnes ont vu leur véhicule ainsi saisi. La SAAQ ne semble pas s'émouvoir de la question. «Il n'y a pas de campagne de sensibilisation. Ce n'est pas une problématique que nous suivons», indique Audrey Chaput, conseillère en communications à la SAAQ.

La répression est pourtant délicate. Selon l'organisme Mother Against Drunk Driving, «la majorité des conducteurs qui conduisent sans permis ou sur le coup d'une suspension ne sont jamais arrêtés ou accusés. Plus la suspension est longue, moins le contrevenant est susceptible de demander le rétablissement de son permis». La seule solution pour endiguer la conduite sans permis serait de multiplier les barrages, une solution plutôt embarrassante et difficile à mettre en oeuvre.

--- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ---

Pour en savoir plus :

» http ://www.saaq.gouv.qc.ca/publications/permis/saisie_vehicule.pdf