Même si les lois du marché forcent Buell à proposer une gamme de montures relativement variées, ce sont les sportives pures qui passionnent avant tout ses ingénieurs. Or, dans cet univers, le caractériel mais vétuste V-Twin de Sportster qui a, jusqu'aujourd'hui, animé toutes les Buell, a toujours sérieusement limité leurs performances.

Même si les lois du marché forcent Buell à proposer une gamme de montures relativement variées, ce sont les sportives pures qui passionnent avant tout ses ingénieurs. Or, dans cet univers, le caractériel mais vétuste V-Twin de Sportster qui a, jusqu'aujourd'hui, animé toutes les Buell, a toujours sérieusement limité leurs performances.

Un certain espoir fut permis lorsque Harley-Davidson lança en 2002 la V-Rod propulsée par un V-Twin moderne, puissant et refroidi par liquide, mais il s'agissait d'une mécanique beaucoup trop lourde et volumineuse pour satisfaire l'obsession de compacité de Buell.

La dure réalité, pour le constructeur de Milwaukee, était que le genre de configuration mécanique qu'il cherchait à installer dans ses sportives serait très difficile, pour ne pas dire impossible, à concevoir à l'interne.

La solution à ce problème fut de se tourner vers l'une des rares firmes au monde capable de produire des V-Twin sportifs, soit la compagnie autrichienne Rotax, dont les moteurs propulsent d'ailleurs les réputées RSV1000 de Aprilia. Quatre ans plus tard, la 1125R est introduite.

Même s'il n'est pas techniquement juste de le faire, on peut considérer la 1125R comme une XB12R dans laquelle a été installé le nouveau V-Twin Rotax-Buell. Dans les faits, il s'agit néanmoins d'une moto entièrement nouvelle, partageant très peu de pièces avec les XB-R.

Baptisé Helicon et annoncé à 146 chevaux, le V-Twin de la 1125R a été conçu avec une large plage de régimes utiles comme priorité. Il produit une quantité de couples importante dès les premiers tours et commence à sérieusement pousser dès les mi-régimes, sans toutefois exploser à l'approche de la zone rouge.

Il s'agit du genre de livrée de puissance qui, non seulement facilite et agrémente l'utilisation routière, mais permet aussi d'avoir souvent le choix de deux rapports en sortie de virage sur piste, une qualité aussi rare qu'appréciable dans cet environnement. Le fait que le V-Twin de la 1125R soit exceptionnellement coopératif à bas et moyen régime aide par ailleurs à masquer l'un de ses défauts, puisqu'il vibre considérablement à haut régime, et ce, malgré l'utilisation de pas moins de trois balanciers.

Une tenue de route remarquable

Les Buell sportives ont toujours exhibé de belles manières au chapitre de la tenue de route, mais la nouvelle 1125R représente un nouveau sommet pour le constructeur à cet égard. Sur le circuit de Laguna Seca, où le modèle a été présenté à la presse mondiale, la nouveauté s'est montrée brillante, rien de moins.

Toujours extrêmement stable, presque aussi légère à lancer en courbe qu'une 600, incroyablement précise en entrée de virage, acceptant volontiers de modifier sa trajectoire en pleine inclinaison et capable de freinages puissants, la 1125R est un véritable délice sur circuit. En couplant cette superbe partie cycle à une mécanique qui ne demande ni à tourner à des régimes impossibles comme une 600, ni de constamment être sur ses gardes comme 1000, Buell a réalisé l'une des sportives les plus équilibrées et les plus accessibles actuellement sur le marché.

On s'étonne d'ailleurs, compte tenu du sérieux de la nouveauté sur circuit, qu'elle se montre aussi tolérable sur la route. Même si la position de pilotage demeure sévère, la 1125R peut au moins se targuer d'offrir une excellente selle et une très bonne protection au vent. Il faut bien entendu s'attendre à des suspensions plutôt fermes, mais cela reste tolérable.

Malgré ses nombreuses caractéristiques techniques intéressantes, la 1125R risque de susciter beaucoup d'intérêt en raison de sa ligne très particulière. Si l'avant, presque exagérément large et allongé, ainsi que les protubérantes canalisations d'air des radiateurs latéraux alimentent la plupart des commentaires, on déplore néanmoins une partie arrière trop banale. Dommage, puisqu'un traitement plus inspiré de son aspect pourrait placer la 1125R aux côtés d'exotiques reconnues comme les Ducati 1098 et le Aprilia RSV1000R, des montures auxquelles elle peut se frotter, sans la moindre gêne, sur circuit.

Le côté le plus surprenant de la nouvelle 1125R pourrait néanmoins être son prix, puisqu'à 13 599$, elle retranche ses deux principales rivales, Ducati et Aprilia, par des sommes très importantes. Une Buell à la fine pointe de la technologie et étonnamment abordable? Que quelqu'un nous pince.

Bertrand Gahel est l'auteur du Guide de la Moto.