«Les restrictions sont une manière de se montrer flexible», explique Shawn Marshall, un médecin spécialiste en réadaptation à l'Université d'Ottawa, qui vient de publier un article à ce sujet dans la revue Accident Analysis and Prevention.

«Les restrictions sont une manière de se montrer flexible», explique Shawn Marshall, un médecin spécialiste en réadaptation à l'Université d'Ottawa, qui vient de publier un article à ce sujet dans la revue Accident Analysis and Prevention.

«Limiter la conduite à la période diurne, ou aux routes secondaires ou rurales, peut sembler sévère. Mais pendant ce temps, les personnes âgées peuvent continuer à conduire. En Ontario, où la seule restriction admissible est le port de lunettes, les suspensions de permis arrivent beaucoup plus tôt qu'en Alberta, où les restrictions sont plus nombreuses. Souvent, en Ontario, une personne qui a un AVC avec séquelles ne peut plus conduire, alors qu'un Albertain peut encore le faire, avec des limites. Il peut même y avoir des différences dans le cas de maladies aussi courantes que l'arthrite.»

Au Québec, il n'existe pas non plus de restrictions autres que les lunettes, selon Audrey Chaput, de la SAAQ. Les personnes âgées sont invitées à éviter les heures de pointe, mais pour le permis, c'est tout ou rien. Chez nos voisins du Sud, trois États prévoient des nouveaux tests après 75 ans (le Québec aussi), huit des examens de la vue, et 14 des périodes plus courtes pour le renouvellement du permis des personnes âgées. Selon le Dr Marshall, un nombre grandissant d'États prévoient des permis flexibles. En Caroline du Nord, les personnes âgées très hypothéquées peuvent même conserver leur permis si elles s'engagent à ne pas dépasser 90km/h.

Pour en avoir le coeur net, le Dr Marshall a demandé à un échantillon de 86 personnes âgées de plus de 65 ans leur opinion sur une série de mesures. Curieusement, la restriction la plus populaire était le passage régulier de nouveaux tests d'aptitude à conduire.

«Ça peut sembler très invasif, à la limite de «Big Brother», explique le chercheur d'Ottawa. Mais entre les tests, on peut conduire autant qu'on veut.»

Les tests sont d'autant plus importants, croit le Dr Marshall, que les aptitudes de conduite ne sont pas également réparties. «Contrairement à la croyance populaire, certains conduisent mieux que d'autres. C'est la même chose avec les marcheurs : tout le monde sait marcher, mais certains peuvent faire de très longues distances. Les tests de conduite assurent le minimum vital. Mais les gens qui ont conduit dans le cadre de leur travail, par exemple les camionneurs ou les chauffeurs de taxi, sont probablement meilleurs à l'âge d'or que beaucoup de chauffeurs du dimanche dans la trentaine.»

À l'opposé, seulement 45 % à 50 % des cobayes trouvaient que la limitation du rayon d'action ou l'interdiction des autoroutes étaient préférable à la suspension pure et simple du permis de conduire. L'interdiction de conduire la nuit était très bien acceptée, avec 93 % d'appuis, presque autant que les tests réguliers ou l'installation d'équipements facilitant la conduite, comme des poignées sur le volant.

Le Dr Marshall ne place pas beaucoup d'espoir dans les tests cognitifs qui permettent de détecter les automobilistes à problème de manière précoce. «La conduite est une activité trop compliquée pour être bien modélisée par un test cognitif.»

La prochaine étape est l'étude des différentes restrictions sur le risque d'accident de personnes âgées, particulièrement en combinaison avec des maladies comme l'arthrite ou des événements comme les AVC. «Nous pensons que la flexibilité est une bonne chose, mais il faut tout de même prouver qu'elle n'est pas dangereuse.»