L'écrivain Gilles Archambault avait raison d'écrire que «la vie quotidienne nous oblige à être intelligents». L'essai de la LS460 de Lexus vient de me le prouver.

Je viens tout juste de terminer l'essai du dernier porte-étendard de Lexus, la LS460. Une limousine à la technologie dernier cri. La marque japonaise aime les boutons. Et ça se voit dès que l'on pose les fesses à l'intérieur. Hum, où est ma calculette? La voilà. Au volant, je compte neuf boutons (9). Au tableau de bord, seize (+16). Sur la portière de gauche, onze (+11). Sur la console? Attendez... il y en a vingt-sept (+27) dans la partie haute et dix (+10) sur la partie qui se prolonge jusqu'à l'endos des baquets avant. Au plafond, on en dénombre dix (+10) autres. Si le calcul est bon, cela fait quatre-vingt trois (=83). Juste à l'avant... Les deux occupants des places arrière ne sont pas en reste. Sur la console qui les sépare, on compte vingt-six autres boutons et interrupteurs et deux télécommandes. L'une pour le système de divertissement, l'autre pour actionner la fonction «massage» du fauteuil. Où est le chauffeur?

Pour comprendre le bon fonctionnement de cette véritable débauche technologique sur roues, il est impératif d'ouvrir le coffre à gants et de consulter la documentation du constructeur. Sous les yeux, j'ai six volumes. Le plus dense - le plus joliment illustré aussi - compte 650 pages. Il y a de quoi vous occuper durant tout l'hiver. Si vous êtes malin, peut-être trouverez-vous réponse à vos interrogations dans la version abrégée. Elle fait 70 pages.

Une fois toutes les fonctions de base assimilées, il y en a un autre, celui qui traite du système de navigation. Il compte 313 pages. Moins fastidieux à lire que celui qui traite de la garantie et des services (54 pages). Et les deux autres? Ils font respectivement trois et quatre pages. En tout et pour tout, vous avez deux kilos d'information à vous farcir. Vous lisez vite?

Les fonctions de ce véhicule sont si étendues qu'elles imposent une parfaite connaissance du mode d'emploi, sous peine de passer à côté de la majorité des fonctions. Quel bouton appuyer, par exemple, pour que l'écran vidéo destiné aux occupants des places arrière sorte de son écrin ? Je vous prie de me croire, il faudra donc rester de longues heures à l'arrêt, le manuel de 650 pages posé sur les genoux. Il est impensable d'expérimenter en roulant le fonctionnement de tous les accessoires.

Une chose est sûre: avec la LS460, pas de risque que les manuels du propriétaire accumulent la poussière. Mais n'allez pas croire que le système I-drive (BMW), MIME (Audi) ou Command (Mercedes-Benz) font dans la simplicité. Sous la molette qui ressemble à une souris d'ordinateur, piloter les quelque 700 fonctions est loin d'être une sinécure C'est l'enfer. À tel point que certains propriétaires nous ont admis être incapables de programmer une station radio. Pas drôle. Pas étonnant que certains concessionnaires organisent pour leurs clients des cliniques d'informations spéciales pour démystifier chacune des fonctions.

Il n'y a pas si longtemps, deux boutons pour régler la radio et un curseur pour régler la température de l'habitacle suffisaient. À cette époque, nous avions aussi en permanence un autocollant apposé à l'intérieur du pare-brise histoire de nous rappeler le moment de la prochaine révision mécanique. À bord de ces voitures "dites intelligentes", la simplicité n'a pas forcément meilleur goût. Un ordinateur se charge de tout. Il permet de programmer une douzaine de chaînes, de régler la température au degré près et de nous informer du moment venu de notre visite chez le concessionnaire. Si vous le désirez, le système de navigation tracera la route pour vous. Et à l'aide de la technologie Bluetooth, il peut même composer le numéro de téléphone du service après-vente pour annoncer votre arrivée. C'est ça le luxe? Et demain, ce sera quoi? L'Internet, la télévision par satellite, le téléchargement de nouvelles caractéristiques pour le véhicule et quoi et quoi et quoi ?

À l'heure où la majorité d'entre nous (moi si) peine à programmer un magnétoscope, une telle avalanche de fonctions mériterait une meilleure convivialité et surtout une plus grande simplicité. Manon pèse sur le bouton? Pas aujourd'hui.