La semaine prochaine: La Corvette Z06.

Dorénavant réglée moins mollement, la Camry s’équilibre mieux en courbe et accepte de survirer progressivement au lever de pied sur l’accélérateur. La filtration et l’acoustique étant très bonnes, on en conclura que les quelques kilos supplémentaires de matériaux insonorisant ont été savamment utilisés. Le chapitre châssis ne serait pas clos sans évoquer le freinage. Doté de l’ABS à répartition d’effort, le freinage est soutenu par un amplificateur de pression qui optimise l’arrêt d’urgence d’un conducteur qui ne saurait pas l’exécuter hardiment. Magnifique pour sa progressivité et la qualité de sa commande, le freinage a souffert durant notre essai en endurance. Est-ce les garnitures qui étaient trop tendres ou les étriers qui manquaient de dents?

Question moteur, il y a un 2,4 litres de 158 chevaux et aussi un V6 3,5 litres de 268 chevaux. Nous avons préféré le quatre cylindres. Comme par les années passées, il tiendra la vedette chez nous avec plus de 70% des ventes prévues. Que ce moteur fasse moins bien dans la course à la puissance que ses rivaux importe peu. Pourvu que la fiabilité soit là, n’est-ce pas? Et dans ce domaine, la marque nipponne lorgne toujours la plus haute marche du podium. Mais ce moteur n’a pas que la réputation d’être fiable. Retravaillé, ce 2,4 litres tourne aujourd’hui plus rondement et aussi plus progressivement qu’autrefois. Des gains qui s’apprécient au quotidien, tout comme son faible appétit en hydrocarbure obtenue dans un silence de cathédrale. On voudra bien dire une messe pour ce moteur-là à moins que vous ne préfériez réserver vos offrandes à sa version hybride (à compter de 31 900) qui promet de diviser la facture énergétique par deux. La transmission automatique à cinq rapports (elle en compte un sixième si vous optez pour le V6) file à ce point le parfait bonheur avec cette mécanique qu’on se demande, en dehors de l’image, pourquoi Toyota propose une boîte manuelle sur la SE. Non seulement, représentait-elle un frein à la revente, mais son guidage et l’étagement de ses rapports ne permettent pas d’exploiter plus judicieusement les ressources du moteur. Et les gains en consommation réalisés par cette Camry à trois pédales? Ils sont faibles.

Finalement, la Camry se révèle une compagne sécurisante, fiable et attrayante (dans tous les sens du terme cette fois), à la condition de savoir freiner son enthousiasme au moment de cocher les coûteux groupes d’options offerts ou de l’amener sur des routes en lacets. Dans ces deux domaines, la Toyota nourrit encore certains complexes face à une Honda Accord, voire même une Mazda6.

Bien sûr, la gaieté ne déferle pas sur la physionomie de l’habitacle tout de gris vêtu. À cela s’ajoute une qualité de finition qui n’est pas irréprochable, un qualificatif si souvent employé pour décrire la minutie d’assemblage des créations du constructeur nippon. À ce sujet, les trois exemplaires essayés portaient, au tableau de bord et au pied de la console centrale, la marque de garnitures récalcitrantes à s’imbriquer entre elles. Les motifs de satisfaction se trouvent ailleurs: dans la position de conduite qui est excellente (siège et volant réglables dans les deux sens), le combiné d’instruments constamment éclairé et les repères si vite pris qu’elle fera une excellente voiture de location ou de parc d’entreprise. Avec de nombreux rangements pour les pièces, les lunettes, le portable et des vide-poches dans les accoudoirs ou sous le tableau de bord, la Camry se révèle agréable à habiter.

De dimensions généreuses dont on retrouvera le bénéfice à l’intérieur et dans le coffre, la Camry se décline en trois livrées (LE, SE et XLE). On pourra compter sur un équipement intéressant avec, au minimum sur la finition LE, sept coussins de sécurité, l’ABS, la climatisation, le verrouillage central à distance, les glaces électriques tout comme les rétroviseurs extérieurs en plus des principales commandes audio dupliquées au volant. Et si vous voulez jeter dans le coffre quelques bagages, ne vous limitez pas, il est géant à l’exception de la SE, privée d’une banquette arrière rabattable pour préserver la rigidité de son châssis affûté plus sportivement.

À peine plus dynamique

L’empattement plus long et les voies (avant et arrière) plus larges que la génération précédentes ont une incidence certaine sur la dynamique de la Camry, sans la métamorphoser pour autant. De fait, elle demeure une berline au comportement parfaitement prévisible et plus encore s’il est géré par un garde-fou: le correcteur de stabilité électronique. C’est sans doute l’efficacité du châssis et de la filtration qui éloignent un peu plus les sensations du conducteur, malgré une direction qui nous est apparue mieux dosée dans son assistance et plus franche dans ses réactions que par le passé.

Il y a deux écoles de pensée chez les constructeurs automobiles. La première décide de tout réinventer. Une remise en cause totale, non dénuée d’orgueil et qui dit à la face du monde: vous allez voir ce que vous allez voir. Et puis il y a l’autre école, plus pragmatique sinon plus frileuse, qui se contente de faire dans la droite ligne de ce qui a précédé, sans heurt mais aussi bien qu’il est possible de faire.

Dans le camp des premiers, on verra des constructeurs dont la progéniture n’a pas atteint les objectifs fixés. Dans le second, des constructeurs plus calculateurs et pour cause, ils surfent sur la vague du succès. Ici, seule concession à l’innovation, capter les courants qui marchent et les amalgamer à un projet placé à la croisée des influences. Selon l’humeur du marché, il arrive que Toyota adhère à l’une ou l’autre de ces écoles. Parfois, le numéro 2 mondial s’autorise quelques coups d’audace récréatifs, comme le FJ Cruiser ou plus stratégiques, comme la Camry.

À sa sixième refonte, elle demeure, à plusieurs égards, aussi conformiste que l’était sa devancière. Mais la nouvelle Camry a le mérite de dépoussiérer un style passe-partout en captant quelques tendances esthétiques qui, selon les angles où on la considère, ont un air de déjà vu. Reconnaissons toutefois que derrière cette calandre que l’on dirait enrhumée, la Camry profite d’une aérodynamique soignée (0,28). Le résultat ne manque pas d’intérêt, mais l’amateur s’en moque un peu. Pour lui, l’important, c’est que cette sixième génération soit aujourd’hui une belle voiture qui se démarque sans tapage des autres. Son originalité ne saute pas tout de suite aux yeux, mais les concessionnaires ne doutent déjà plus qu’elle fera sa place dans la rue. Depuis son lancement, le printemps dernier, la demande ne dérougit pas.