La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) n’a pas l’intention de revoir entièrement la formation des nouveaux usagers de la route. Elle pourrait néanmoins inviter les plus anciens à réviser leurs connaissances.

Prémices du véhicule à conduite (entièrement) autonome de demain, les multiples aides à la conduite cherchent à simplifier la vie de l’automobiliste d’aujourd’hui. Elles gardent le véhicule dans la bonne trajectoire. Elles gèrent la circulation en accordéon. Elles maintiennent une distance de sécurité variable sur les voies rapides. Elles signalent la présence d’un autre usager de la route dans les angles morts. Elles pallient nos inattentions en déclenchant un freinage d’urgence. Et masquent aussi plusieurs de nos inhabiletés au volant.

Aujourd’hui, les experts sont divisés à leur sujet. Certains estiment que ces « anges gardiens » peuvent rendre les automobilistes trop confiants. D’autres, qu’ils contribuent à protéger les plus vulnérables (piétons et cyclistes notamment).

Le débat reste ouvert, mais ne préoccupe pas Jonathan T., 16 ans. Il se demande plutôt ce qu’il va apprendre durant sa formation. « Les véhicules de mes parents comportent déjà ces assistances. Mieux encore, la voiture de mon père se gare toute seule. »

Marc Thompson, directeur général de l’Association des écoles de conduite du Québec (AECQ), ne s’étonne pas de ces commentaires et interrogations. Il les entend tous les jours. D’ailleurs, le premier module des cours de conduite y répond immédiatement. « Ces systèmes sont conçus pour aider et non pour remplacer celui ou celle qui se trouve au volant. D’autant plus que certains de ces dispositifs sont inopérants dans certaines conditions climatiques, donc il faut apprendre à conduire sans y avoir recours », ajoute notre interlocuteur.

Des écoles nécessaires

Redevenu obligatoire en 2010 au terme d’une longue éclipse, le cours de conduite automobile demeure à l’ordre du jour de la SAAQ pour les années à venir. M. Thompson s’en réjouit naturellement.

Il soutient que les écoles de conduite ont contribué à la diminution notable des accidents de la route impliquant des automobilistes âgés de 16 à 24 ans. « Le problème, dit-il, on le retrouve chez les 25-45 ans, ceux qui n’ont pas eu à suivre un apprentissage théorique et pratique. »

Gino Desrosiers, porte-parole de la SAAQ, reconnaît la contribution positive du cours de conduite. « [Mais nous continuons de constater une surreprésentation des 16 à 24 ans dans les accidents. Et cette surreprésentation n’est pas présente chez les autres tranches d’âge de conducteurs. »

La SAAQ confirme qu’il n’y a pas de refonte des cours de conduite à l’horizon, mais insiste sur le fait que des travaux et des consultations ont lieu. M. Desrosiers ajoute que la SAAQ « ajuste systématiquement le contenu des cours en fonction des enjeux évolutifs en matière de sécurité des déplacements ».

Expérimentés, vous dites ?

Mais la formation doit-elle se limiter aux seuls nouveaux usagers de la route ? Chaque vague d’innovation suscite une certaine méconnaissance auprès des automobilistes dits plus expérimentés. Pour eux, le débat porte moins sur les bienfaits de ces aides que sur leur compréhension. Depuis l’introduction du système antiblocage (ABS) il y a près de 40 ans, de nombreux automobilistes pensent qu’il réduit les distances de freinage. En fait, il permet de conserver le pouvoir directionnel du véhicule tout en maintenant le pied enfoncé sur la pédale de frein.

Marc Thompson se dit en faveur d’une mise à jour des connaissances de conduite tous les 10 ans. Pour l’heure, les cours de rafraîchissement de la SAAQ ciblent une clientèle bien précise (permis révoqué, annulé ou non valide), mais ils pourraient s’adresser à d’autres conducteurs dans les années à venir. D’ailleurs, la SAAQ expérimente actuellement auprès des motocyclistes une formation de perfectionnement sur une base volontaire. Les résultats de cette expérimentation seront connus dans les prochains mois.