Pour beaucoup qui ont grandi dans les années 1990, quelques notes de la chanson-thème de la série animée X-Men suffisent pour s’imaginer devant son téléviseur, le samedi matin, avec un bol de céréales sucrées. La suite, X-Men ’97, devrait provoquer le même effet, tout en faisant réaliser la pertinence des sujets abordés.

La série originale

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Rogue, Wolverine, Jubilee, Storm, Cyclops et Professor X dans X-Men : The Animated Series

Diffusée de 1992 à 1997, X-Men : The Animated Series a initié de nombreux enfants au monde des superhéros. Elle leur a aussi permis de prendre conscience d’une multitude d’enjeux sociaux. Au fil de ses 76 épisodes, l’émission a traité de xénophobie, de racisme, de sexisme, de religion, de l’Holocauste et bien plus par l’entremise de ses personnages aux pouvoirs extraordinaires et aux costumes colorés. Menés par le professeur Charles Xavier, les X-Men sont des mutants qui combinent leurs différentes habiletés pour protéger l’humanité de diverses menaces. Certains mutants, dont Magneto, estiment toutefois leur espèce supérieure et ne croient pas possible la cohabitation. Des leaders politiques et scientifiques humains n’y croient pas non plus et tentent d’éradiquer les mutants. « Les X-Men se battent pour un monde qui les craint et les déteste. Par leur simple nature, ils tiennent un miroir qui reflète notre monde », pense Brad Winderbaum, responsable de la télévision, de la diffusion en continu et de l’animation aux studios Marvel. Il ajoute en entrevue virtuelle qu’Eric et Julia Lewald, qui ont travaillé sur la série originale, ont été embauchés à titre de consultants et ont évoqué leur conversation d’il y a 30 ans avec Stan Lee. Celui-ci soulignait que les enjeux étaient sensiblement les mêmes 30 ans plus tôt. Stan Lee et Jack Kirby ont créé les X-Men en 1963.

La suite

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Beast, Wolverine, Morph, Bishop, Rogue, Gambit, Storm et Cyclops dans X-Men ’97

X-Men ’97 reprend là où la série s’est arrêtée… en 1997. Charles Xavier a été assassiné et Scott Summers, alias Cyclops, a pris la relève à la tête de l’équipe. Sa femme, la télépathe Jean Grey, et lui attendent un enfant et songent à quitter le groupe. La tension entre Scott et Logan, alias Wolverine, est toujours vive. Celle entre Gambit et Rogue aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Surtout quand Magneto refait surface. Les autres personnages principaux sont Storm, Beast, Bishop, Jubilee et Morph. L’apparence de ce dernier a changé et il s’identifie désormais comme non binaire. Ainsi, certains internautes n’ont pas hésité à qualifier la nouvelle série de woke. « Ce n’est pas une question d’être woke ou non, mais davantage le souhait de provoquer des dialogues. Si X-Men ’97 entraîne des discussions positives et constructives, alors la série aura fait son travail comme œuvre d’art », pense Brad Winderbaum. Celui qui est aussi producteur exécutif nous raconte que les premiers épisodes de X-Men, qu’il a vus à l’âge de 10 ans, lui ont permis de mieux comprendre la réalité des autres. « Je n’avais jamais vu des situations dramatiques dépeintes ainsi et elles m’ont aidé à réaliser que ce que j’observais autour de moi et ce que j’en pensais était sensé. » Une bonne proportion des acteurs, dont plusieurs Canadiens, qui prêtaient leur voix dans les années 1990 sont de retour. Le style d’animation est également similaire, tout comme la musique des Newton Brothers.

Étonnant licenciement

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Les X-Men s’amusent parfois.

Mardi dernier, à peine une semaine avant la diffusion des deux premiers épisodes sur Disney+, The Hollywood Reporter a révélé que le scénariste principal de X-Men ’97, Beau DeMayo, venait d’être renvoyé. Aucun motif n’était spécifié dans l’article. Quelques jours plus tard, Brad Winderbaum a indiqué à Variety qu’il avait « fait de l’excellent travail sur les saisons un et deux ». Le producteur nous a confirmé que Beau DeMayo n’était « plus avec [eux] », mais sans donner plus de détails, lors de notre entrevue vendredi dernier. Dans l’article de Variety, on indique que celui qui a aussi collaboré à l’écriture des séries Moon Knight et The Witcher publiait fréquemment sur Instagram des mises à jour de la production de X-Men ’97, qui ont toutes été effacées depuis, et détenait un compte OnlyFans. L’entrevue qu’il devait donner a été annulée et il n’a pas voulu commenter la nouvelle. Beau DeMayo devait initialement se joindre à Brad Winderbaum pour l’entretien accordé à La Presse.

Notre avis

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Wolverine (la voix de Cal Dodd) et Gambit (celle d’AJ LoCascio)

Les trois premiers épisodes de X-Men ’97 nous ont franchement impressionné. L’animation, la musique et la familiarité des personnages ravivent la nostalgie de belle façon. Plus remarquable encore est la qualité de l’écriture et la pertinence du propos. Ces deux aspects sont supérieurs à bien des films et des séries de superhéros destinés aux adultes. Cette série n’est d’ailleurs pas appropriée pour de jeunes enfants. Ce n’est pas tant une question de violence – les scènes d’action sont époustouflantes – que d’intensité. Les sujets abordés nécessitent une certaine maturité. Il y a des triangles amoureux, des groupes extrémistes, des esprits possédés, un procès pour crime contre l’humanité… du drame, bref. Ce qui devrait ravir les fans de la série originale. Il n’est pas essentiel de l’avoir vue pour apprécier sa suite, mais les références au passé et les clins d’œil ne manquent pas. Malgré le départ de Beau DeMayo, Brad Winderbaum nous a confirmé que son équipe planche déjà sur une troisième saison. « Les comics existent depuis plus de 60 ans. Nous pouvons piger parmi tant de bonnes histoires. L’avenir s’annonce prometteur pour les X-Men ! »

Sur Disney+, dès le 20 mars