« Ben voyons donc ! » Quand on l’informe de l’enthousiasme avec lequel les lecteurs ont accueilli notre appel à tous la concernant, Édith Cochrane paraît sincèrement étonnée. « C’est vraiment touchant qu’ils aient pris le temps d’écrire des questions. » Voici comment l’actrice et animatrice des Temps fous, nouveau talk-show intergénérationnel de Télé-Québec, a répondu à six d’entre elles.

Quel était votre deuxième choix de carrière ? Si c’était à recommencer, que feriez-vous de différent ?

Marco Hébert

J’ai beaucoup de difficulté à répondre, parce que j’ai commencé en faisant un DEC [diplôme d’études collégiales] en éducation spécialisée, alors qu’au fond, je voulais être comédienne. Mais ce n’était pas quelque chose que j’avais envie d’avouer, de peur d’échouer. C’était peut-être une question d’orgueil ou d’ego... Après mon DEC, j’ai travaillé en centre d’accueil, entre autres. Après, j’ai décidé de faire un bac en enseignement. Donc mon troisième choix, d’une certaine manière, c’est ma carrière actuelle !

C’est drôle, mais si c’était à refaire, je ferais la même chose. Le fait d’avoir un parcours atypique, ça m’a donné une sorte de recul par rapport au milieu [culturel]. Les premières auditions que j’ai passées, j’y allais sans pression. Contrairement aux acteurs qui sortaient d’une école de théâtre, je n’avais pas l’impression de jouer ma vie. En fait, je n’ai jamais eu l’impression de jouer ma vie en audition. J’ai vécu d’immenses déceptions, mais toujours avec un petit joker en poche. J’essaie de garder cette espèce de clin d’œil par rapport au métier. Ça m’aide, d’être un peu détachée.

Qu’est-ce qui vous inspire au quotidien pour garder cette fraîcheur, cette luminosité, cet émerveillement dans votre regard et vos propos ?

Chantal Perreault

D’abord, je dois dire que je suis loin d’être toujours fraîche. J’ai mes moments mous, mais heureusement, ils ne sont pas montrés à la télé. Mais pour être bien au quotidien, je m’assure de sentir que je suis libre d’être où j’ai envie d’être. Je m’accorde le luxe de dire non. Je m’écoute. Quand je suis quelque part, c’est parce que j’ai envie d’y être... Avec toutes les obligations qu’on peut avoir, bien sûr. J’ai trois enfants. Je ne peux pas tout le temps juste faire ce que je veux. Mais j’ai quand même le bonheur assez facile.

Êtes-vous en accord avec votre décision de quitter Les enfants de la télé pour aller vers d’autres défis ?

Robert Desmarais

Totalement. Parce qu’il y avait tellement d’arguments pour rester. Je fais partie du faible pourcentage des gens dans l’Union des artistes qui gagnent bien leur vie. Mais je n’avais juste plus envie. J’ai quitté la LNI [Ligue nationale d’improvisation] un peu comme ça. Pas parce que j’étais malheureuse, mais parce que j’avais senti poindre un sentiment que j’allais l’être. Et je l’ai écouté à 100 %. Par respect pour mes coéquipiers, le jeu, les spectateurs... Après Les enfants de la télé, j’ai fait plein d’affaires : j’ai écrit deux livres pour enfants, j’ai tourné dans deux films, une série... Et aujourd’hui, j’anime Les temps fous à Télé-Québec. C’est arrivé au bon moment. J’avais toute la disponibilité physique et mentale pour plonger là-dedans. Mais si on m’avait proposé une émission de chars, j’aurais dit non. Ce n’est pas parce que j’ai le temps et que j’ai moins d’argent que je vais dire oui à tout. Ça venait satisfaire un désir de m’adresser aux gens et d’avoir une discussion intergénérationnelle. Je trouve ça extrêmement important aujourd’hui.

PHOTO PIERRE CÔTÉ, ARCHIVES LA PRESSE

Édith Cochrane en 2002, alors qu’elle venait de rejoindre la Ligue nationale d’improvisation (LNI). Elle était entourée de Johanne Fontaine, une pionnière, et d’Yvon Leduc, l’un des fondateurs.

En tant que joueuse d’improvisation reconnue, quels conseils de jeu donneriez-vous à des personnes débutantes en improvisation ?

Lynda Grenier

La plus grande qualité de l’improvisateur ou improvisatrice, c’est l’écoute. Il faut écouter avec ses oreilles, son cœur, son corps. C’est un outil vraiment important. Ça nous empêche de penser à ce qu’on va dire plus tard. Parce qu’aussitôt qu’on est en train d’y réfléchir, on n’écoute plus ce que l’autre dit. Pour ceux qui commencent, je dirais aussi d’être curieux. Allez voir des matchs d’impro et observez votre entourage. Parce qu’il y a des personnages merveilleux qui nous entourent. Mes premiers personnages en impro, c’était mon entourage, mes parents, mes amis, des proches. Je m’en suis beaucoup inspirée.

Quel a été l’impact de votre participation à la Ligne d’improvisation montréalaise (LIM) sur votre carrière ? Quel souvenir en gardez-vous ?

Franz Gauthier

La LIM a été extrêmement déterminante dans mon parcours d’improvisatrice, et même d’humaine. Je faisais de l’impro depuis l’école secondaire, mais quand j’ai rejoint la LIM, c’est devenu un engagement profond. Avant, c’était une activité parascolaire entre camarades... Et tout à coup, on jouait au Club Soda. C’était un réel spectacle. Des gens payaient à l’entrée. La LIM m’a aussi donné confiance en moi. C’est ce qui arrive quand tu côtoies des gens de grand talent, des gens que tu admires, et que tu réussis à tirer ton épingle du jeu. C’est devenu mon cercle social. J’y ai connu des gens qui sont encore mes amis.

Où et comment trouves-tu des espaces de paix et de joie face à tout ce qui nous dépasse ou nous menace aujourd’hui ?

Audrey Boucher

Dans les liens humains. C’est un peu paradoxal, parce que l’humain peut être très laid et très bête, mais je préfère me concentrer sur l’humain qui est beau, qui est créatif, qui est tendre. Donc, dans mes relations avec mes amis, avec ma famille. C’est ce qui me nourrit. Dans l’humain qui écrit, aussi. Je trouve qu’il y a des gens qui écrivent de belles choses. Dans le rapport à la terre. En plantant des fleurs. C’est niaiseux, mais c’est ça. Et finalement, en prenant soin des gens qui m’entourent. Des petits trucs, des petites affaires... On n’a tellement pas pris soin les uns des autres. Les gens s’entredéchirent, ils brisent... Prendre soin des miens, c’est ce que j’ai envie de mettre en exergue dans mon quotidien.

Télé-Québec présente Les temps fous les vendredis à 21 h, et la rediffusion les dimanches à 19 h.