The Fabelmans, The Banshees of Inisherin et Abbott Elementary sont sortis grands gagnants des 80es Golden Globes mardi soir, au terme d’une cérémonie sous haute observation, mais néanmoins festive.

Gestion de crise

PHOTO RICH POLK, FOURNIE PAR NBC VIA ASSOCIATED PRESS

Jamie Lee Curtis et Tracy Morgan

Il existait plusieurs raisons de regarder les Golden Globes cette année. Pour connaître les gagnants, certes, mais aussi pour voir comment les organisateurs – et l’animateur – allaient gérer la controverse.

Car c’était un retour en ondes pour l’évènement. L’an dernier, NBC avait débranché la cérémonie en raison d’une enquête journalistique du Los Angeles Times qui avait révélé l’absence de personnes noires au sein du jury de 87 membres. Des accusations de corruption avaient également été émises contre l’organisation derrière la fête, la Hollywood Foreign Press Association (HFPA).

La grand-messe du petit et du grand écran s’est déroulée sans heurts. Le grand nombre de gagnants issus de minorités visibles a certainement contribué à dissiper toute apparence de malaise.

Malgré la crise, les stars avaient répondu à l’appel en grand nombre. Dans la salle, on pouvait apercevoir beaucoup de grosses pointures, dont Brad Pitt, Margot Robbie, Steven Spielberg, Quentin Tarantino, Claire Danes et Rihanna. Et l’alcool coulait à flots, comme avant.

Trois gagnantes ont toutefois fait l’impasse sur l’évènement : Cate Blanchett (meilleure actrice dans un film dramatique pour Tár), Amanda Seyfried (meilleure actrice dans une série limitée pour The Dropout) et Zendaya (meilleure actrice dans une série dramatique pour Euphoria). On a expliqué qu’elles étaient en tournage, mais on ignore s’il y avait plus…

Pour Kevin Costner, également absent, mais sacré meilleur acteur dans une série dramatique pour Yellowstone, la présentatrice Regina Hall a précisé qu’il était « retenu à la maison en raison des intempéries en Californie ».

En fin de gala, la présidente des Golden Globes a parlé d’une « année de changements ». Elle a aussi promis de « continuer le travail » pour assurer une meilleure diversité dans l’organisation.

Cinéma

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L’équipe de The Banshees of Inisherin

The Fabelmans et The Banshees of Inisherin ont respectivement gagné les Golden Globes du meilleur drame et de la meilleure comédie. The Fabelmans a également permis à Steven Spielberg de gagner le trophée du meilleur réalisateur. The Banshees of Inisherin s’est illustré dans deux autres catégories : meilleur scénario et meilleur acteur dans une comédie pour Colin Farrell.

Le prix du meilleur acteur dans un film dramatique a été attribué à Austin Butler pour son portrait du roi du rock and roll dans Elvis. Ke Huy Quan (Everything Everywhere All at Once) et Angela Bassett (Black Panther : Wakanda Forever) ont remporté les catégories réservées aux rôles de soutien, tous genres confondus.

La palme du meilleur film dans une autre langue que l’anglais a été attribuée au long métrage Argentina, 1985.

La HFPA a également remis un prix hommage à Eddie Murphy, qui a conclu son allocution en révélant aux jeunes espoirs la recette du succès à Hollywood : « Payez vos impôts, occupez-vous de vos affaires… et gardez le nom de la femme de Will Smith hors de votre p*tain de bouche ! »

Télévision

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Quita Brunson, au micro, entourée du reste de la distribution de Abbott Elementary

La sitcom « documenteur » du réseau ABC Abbott Elementary, qui brosse le portrait d’un groupe de professeurs de Philadelphie, a dominé le volet comédie en s’illustrant dans trois catégories : meilleure comédie, meilleure actrice (Quinta Brunson) et meilleur acteur de soutien (Tyler James Williams). La série chouchou des critiques, The Bear, a permis à Jeremy Allen White de récolter le trophée du meilleur acteur.

Du côté des séries dramatiques, l’antépisode de Game of Thrones, House of the Dragon, a remporté les grands honneurs, alors que The White Lotus s’est illustrée parmi les séries limitées, permettant au passage à Jennifer Coolidge d’obtenir un prix d’interprétation.

L’auteur, réalisateur et producteur Ryan Murphy, à qui l’on doit American Horror Story, Pose et Glee, a reçu un Globe hommage. « Ma mission était de prendre les invisibles, les mal-aimés et d’en faire des héros que j’avais envie de voir, mais que je n’avais jamais eu l’occasion de voir jusqu’ici », a déclaré le lauréat.

L’animation

Dans un style hyper décontracté (qui n’était pas toujours télégénique, surtout lorsqu’il arpentait la scène de gauche à droite sans s’arrêter en regardant par terre durant son monologue d’ouverture), Jerrod Carmichael n’a pas tourné autour du pot en lever de rideau. « Je vais vous dire pourquoi je suis ici : je suis ici parce que je suis noir », a déclaré l’animateur après avoir demandé au parterre de s’asseoir.

L’humoriste ne s’est pas contenté d’évoquer, à mots couverts, la controverse entourant les Golden Globes. Il l’a disséquée durant huit bonnes minutes. Sans surprise, la HFPA en a pris pour son rhume. « Je n’irai pas jusqu’à dire qu’ils étaient une organisation raciste, mais ils n’avaient aucun membre noir jusqu’à ce que George Floyd meure. Faites ce que vous voulez de cette information », a déclaré le maître de cérémonie. Boum.

Entre deux changements de tenue, Carmichael a piloté la soirée avec aise. Ses présentations étaient scénarisées, mais livrées avec tellement de naturel qu’on aurait juré qu’il improvisait. Parmi ses meilleures, signalons le moment où il s’est excusé, au nom de tous les hommes gais, pour « tout ce qu’ils lui ont fait subir à bord de ce bateau », dans The White Lotus.

Si NBC garde les Golden Globes en ondes, souhaitons qu’il revienne l’an prochain.

Les remerciements

Le contexte entourant la tenue du gala y était sans doute pour quelque chose, mais plusieurs discours inspirés ont été prononcés durant l’évènement. Des discours qui célébraient la différence, la diversité et l’ouverture. Le plus mémorable est venu du tout premier gagnant, Ke Huy Quan. Sacré meilleur acteur de soutien pour Everything Everywhere All at Once, l’heureux élu a ému la salle (et assurément de nombreux téléspectateurs) en remerciant non seulement Steven Spielberg, l’homme qui avait cru en lui au début des années 1980 en lui confiant le rôle du petit acolyte d’Harrison Ford dans Indiana Jones et le temple maudit, mais aussi Dan Kwan et Daniel Scheinert, les deux réalisateurs du film pour lequel il tenait un trophée entre ses mains. « Plus de 30 ans plus tard, deux hommes ont pensé à moi. Ils se sont rappelé cet enfant et m’ont donné la chance d’essayer à nouveau », a-t-il lancé, les larmes aux yeux.

Nommée meilleure actrice dans une comédie pour Everything Everywhere All at Once, Michelle Yeoh a raconté la première fois qu’elle est arrivée à Hollywood, « C’était un rêve devenu réalité jusqu’à ce que je j’arrive », a dit la comédienne d’origine malaisienne avant d’exposer son parcours difficile, comme femme issue d’une minorité visible. « Ce prix est pour toutes celles qui sont venues avant moi et qui ont mes traits ! »