Les Ladies ont encore frappé juste. Le Quatuor Pavel Haas, de la République tchèque, s'étant désisté, elles ont accepté comme remplacement le Quatuor Keller, de Hongrie, sans en savoir davantage.

L'écoute très attentive de la salle comble et l'ovation finale furent des plus éloquentes : non seulement avait-on complètement oublié l'absent, mais on souhaite vivement le retour du Keller qui, formé en 1987, faisait ses débuts au LMMC sinon à Montréal.

Il n'y a que du bien à dire sur ce qu'on a entendu dimanche. Les quatre musiciens hongrois (deux hommes et deux femmes) sont des instrumentistes de première force qui, entièrement concentrés sur l'acte musical, nous amènent à un sommet auquel il n'y a rien à ajouter.

D'autres auraient eu le mauvais goût de jouer un «petit quelque chose» après l'op. 132 de Beethoven. Pas eux, Dieu merci. Le Keller venait de restituer dans toute sa dimension l'un des prophétiques quatuors de la fin, avec ses 40 minutes d'un suspense brisé par l'étrange Alla Marcia annonçant le finale, comme il nous avait rappelé, en début de concert, l'automnale beauté des quatuors de Brahms, trop rarement joués.

Entre Brahms et Beethoven, il avait glissé une nouveauté - pour le public du LMMC, en tout cas, car ce troisième Quatuor de Schnittke a été joué ici plusieurs fois, notamment par le Borodine et par le Molinari. L'auteur y mêle naïvement des échos de la Grande Fugue de Beethoven à une multitude d'effets sonores faciles que le Keller rend avec virtuosité. Un détail : la partition indique bien de jouer les trois mouvements sans interruption.

QUATUOR À CORDES KELLER - Andras Keller et Zsofia Környei (violons), Zoltan Gal (alto) et Judit Szabo (violoncelle). Dimanche après-midi, Pollack Hall de l'Université McGill. Présentation : Ladies' Morning Musical Club. Programme : Quatuor no 2, en la mineur, op. 51 no 2 (1873) - Brahms Quatuor no 3 (1983) - Schnittke Quatuor no 15, en la mineur, op. 132 (1825) - Beethoven.