C'est avec beaucoup de peine que j'ai appris la mort d'Eleonora Turovsky, survenue hier matin. Tout le milieu musical montréalais partage certainement mon sentiment : les mélomanes qui la retrouvaient soir après soir comme violon-solo des Musici fondés et dirigés par son mari Yuli Turovsky, les musiciens de l'orchestre et ses nombreux élèves. Tous aimaient cette petite femme simple, très dévouée et toujours souriante qu'on appelait affectueusement Eleonora.

Le hasard a voulu que Mme Turovsky, victime d'une pneumonie, nous quitte le jour même où le Quatuor Molinari donnait en concert quatre quatuors de Chostakovitch. De l'ensemble des 15, tous, sauf le premier et le dernier, furent créés par le Quatuor Beethoven d'URSS dont le premier-violon, Dmitri Tziganov, avait été le professeur de Mme Turovsky.

Fixée ici en 1977 avec son mari, la disparue enseigna le violon et l'alto pendant 20 ans à la Faculté de musique de l'Université de Montréal. Elle fut aussi alto à l'OSM en plus d'occuper le poste de violon-solo aux Musici. Le passage du violon à l'alto et vice versa, en quelques heures, se révélait parfois un peu laborieux. Oublions cela. Pensons plutôt aux belles choses qu'Eleonora nous a laissées.

Que notre cher Yuli, lui-même très malade, et leur fille Natasha, violoniste et peintre, trouvent ici l'expression de ma sympathie la plus sincère.