La série «Les 5 à 8 de l'OSM» est déjà complétée en ce qui concerne la présente saison. On sait déjà qu'elle reviendra la saison prochaine. C'est une bonne nouvelle. Un public tout nouveau vient ainsi à l'OSM (et à la musique), attiré par la formule légère et originale: cocktail facultatif à 17 h 30 et concert d'une heure (ou un peu plus) au cours duquel l'orchestre joue un programme établi par un invité qui commente ses choix.

Après Hubert Reeves en octobre, l'animateur André Robitaille recevait hier la comédienne Anne Dorval. À gauche de la scène, on retrouve les trois gros fauteuils rouges, genre salon de massage, qui font un peu sourire, mais l'atmosphère est agréable.

 

Robitaille n'est pas musicien, Dorval n'est pas musicienne, et néanmoins ils parlent de musique sans dire de bêtises et sont même à l'aise quand ils échangent des impressions avec le chef Jean-François Rivest. La comédienne précise qu'elle a composé le programme avec l'aide de celui-ci.

Comme elle est l'invitée, elle demande - et obtient - le droit de s'asseoir tout près de Robert Crowley, le clarinette-solo de l'orchestre, qui joue le mouvement lent du Concerto K. 622 de Mozart, le droit aussi d'aller s'installer en plein centre de l'orchestre pour les extraits du Roméo et Juliette de Prokofiev. Elle suit les solos avec fascination et n'en finit plus de remercier les musiciens. On dirait quelqu'un qui entend pour la première fois un orchestre live.

Robitaille veut savoir ce qu'elle a pensé du Mozart. «Je sais pas quoi dire. Je m'incline.» Aidons-la un peu. C'était très lent, très senti et techniquement à peu près parfait. Entré à l'OSM il y a 30 ans, Robert Crowley est l'un des derniers survivants de l'«aile américaine» qui y fit beaucoup de bruit à une certaine époque. Les esprits se sont calmés depuis.

De Mozart encore, Rivest imprima des accents mordants aux violons dans l'ouverture des Nozze di Figaro, en début de programme. Il tira une profonde expression de la section complète des cordes dans l'Adagietto de la cinquième Symphonie de Mahler - référence de la comédienne au film Morte a Venezia - et conféra une étonnante dimension aux extraits du Nelligan d'André Gagnon. On termina sur le fracassant Prokofiev déjà mentionné.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Jean-François Rivest. Anne Dorval, comédienne, André Robitaille, animateur, Robert Crowley, clarinettiste. Jeudi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Les 5 à 8 de l'OSM».