Le Belge Gerard Mortier, actuellement directeur de l'Opéra national de Paris, va prendre la direction artistique du Teatro Real (Théâtre Royal) à Madrid à partir de janvier 2010, a annoncé cette prestigieuse institution.

Gerard Mortier, 65 ans, figure du monde de l'opéra, avait renoncé début novembre à prendre en septembre 2009 les rênes du New York City Opera, dont le budget a été amputé par la crise économique. Son contrat à Paris prend fin l'été prochain.

Il devrait signer pour cinq ans à Madrid alors que le Teatro Real compte entrer en 2010 dans une «nouvelle étape» de son activité musicale, a indiqué son directeur Miguel Muñiz, cité jeudi par les médias espagnols.

Connu pour ses coups d'éclats, volontiers provocateur, Gerard Mortier a mené la carrière de directeur d'institution lyrique la plus brillante et tumultueuse de ces 25 dernières années, défendant sans relâche la modernité appliquée à l'opéra.

Né à Gand, élevé par un père boulanger et une mère, particulièrement mélomane, éduqué chez les jésuites, le jeune homme a ferraillé très tôt, dans sa Flandre natale, contre «une bourgeoisie réactionnaire qui s'était approprié l'art lyrique».

Il a fait ses classes en Allemagne (Düsseldorf, Francfort, Hambourg), avant d'être engagé comme conseiller (1979-1981) de Rolf Liebermann et Hugues Gall à la direction de l'Opéra de Paris.

Pendant onze ans (1981-1992) à la tête du Théâtre royal de la Monnaie, il a replacé la maison bruxelloise sur l'échiquier européen en pariant sur des metteurs en scène inventifs (Luc Bondy, Herbert Wernicke...).

Ses succès artistiques n'ont pas échappé au Festival de Salzbourg, qui l'a enrôlé (1992-2001) à l'issue du trop long règne (1956-1989) du maestro autrichien Herbert von Karajan.

Il a ensuite dirigé le Festival de Salzbourg (1991-2001), puis à partir de 2004 l'Opéra de Paris, qu'il a quitté à l'été 2009.

Il doit en principe donner une conférence de presse à Madrid le 2 décembre pour officialiser sa nomination.