Touche-à-tout de 22 ans, Aliocha Schneider s'expose non seulement au grand écran dans Closet Monster depuis vendredi, mais il sortira également un premier disque de six titres début septembre. Le jeune homme réalisera ainsi son rêve de devenir chanteur...  avec le soutien d'un dénommé Jean Leloup.

Aliocha Schneider enchaîne depuis ses 12 ans des rôles au petit comme au grand écran, notamment dans Maman est chez le coiffeur, La dernière fugue ou encore Ville-Marie. Plus récemment, il s'est illustré aux côtés du comédien Connor Jessup (Blackbird) dans Closet Monster de Stephen Dunn, sacré meilleur film canadien au 40e festival international du film de Toronto. 

Le long métrage, qui a pris l'affiche vendredi à Montréal, raconte l'histoire d'Oscar (Connor Jessup) qui, à l'aube de l'âge adulte, est rattrapé par les traumatismes de son enfance. Il doit ainsi affronter les dysfonctionnements familiaux, une sexualité encore indécise, mais surtout le pénible souvenir du tragique passage à tabac d'un homosexuel dont, enfant, il a été témoin.

Grâce à son imagination, au soutien d'un hamster doté de la parole (voix d'Isabella Rossellini) et à la promesse d'un amour naissant avec Wilder (Aliocha Schneider), Oscar parvient peu à peu à faire face à ses démons et à découvrir sa vraie nature.

Passage à l'âge adulte

Schneider a reçu le scénario de Closet Monster après avoir rencontré Stephen Dunn, un jeune réalisateur de 27 ans. Le comédien a alors enregistré un «self tape» avec l'aide de son grand frère. «Je ne m'attendais à rien. On s'est rencontrés à Montréal et a fait une audition dans l'appartement de son ami. Finalement, ça a bien marché!», lance-t-il.

Séduit par le scénario de Stephen Dunn, le comédien aimait également l'idée de travailler avec une équipe presque entièrement dans la jeune vingtaine, installée pendant deux mois à St. John's, Terre-Neuve, ville d'origine du cinéaste.

«J'aimais aussi la fantaisie de ce monde imaginaire propre à Stephen. Il y a beaucoup de poésie dans ce film, ce qui manque beaucoup au cinéma.»

Closet Monster porte avant tout sur le passage à l'âge adulte. Stephen a eu l'intelligence de ne pas faire un film de plus sur la difficulté de vivre son homosexualité quand on est adolescent. 

«Mais ce qui était difficile avec le personnage, c'est qu'il ne semble pas avoir de problèmes, de souffrances ou de questionnements. En général, c'est sur cela que je me base pour construire mon jeu. Ce n'est pas si facile de se faire demander d'être sexy et charismatique», lance le comédien, qu'on pourra voir cet automne dans la série télé Feux de Serge Boucher et Jérémie à Vrak.TV.

La musique avant tout

Bien qu'il soit en pleine promotion de Closet Monster, Aliocha Schneider avoue avoir plutôt la tête à la musique.

«En ce moment, la musique est le centre de ma vie et de mes pensées», dit le jeune auteur, compositeur et interprète de Sorry Eyes, premier extrait de son EP de six chansons à paraître le 2 septembre.

À 17 ans, la carrière musicale d'Aliocha Schneider se dessine lors d'une rencontre fortuite avec Jean Leloup, qui deviendra rapidement son mentor.

«Je l'ai rencontré dans un café sur Bernard. J'avais huit chansons composées dont je ne savais pas quoi faire. On a commencé à parler et je lui ai fait part de tout ça. Il m'a demandé ce que je faisais ce soir et m'a invité en studio alors qu'il travaillait avec Last Assassins. Je me suis préparé, j'ai travaillé mes chansons et regardé des photos de Bob Dylan en studio en me disant que j'allais être comme lui!», lance en riant le jeune joueur de piano et de guitare.

«Il m'a tout de suite mis à l'aise et m'a demandé de commencer à chanter. Puis, il a demandé à ses musiciens d'apprendre les accords pour enregistrer! On a fait une maquette avec mes huit chansons », ajoute-t-il, encore touché par le généreux geste de Leloup.

«C'était le plus beau mois de ma vie ! Il m'a tellement appris sur sa philosophie de la musique et de la vie.»

Un premier pas dans sa carrière musicale, qui sera rapidement suivi par une seconde rencontre avec le réalisateur français Samy Osta, avec lequel il part pour la Suède afin d'enregistrer au Svenska Grammofon Studio à Göteborg. Ils termineront la production dans la petite cabine d'Osta au studio Question de son à Paris.

«Je me suis naturellement tourné vers l'anglais. Je crois que c'est en grande partie à cause de mes influences comme Bob Dylan, Elliott Smith, The Beatles ou encore Nick Drake. Les chanteurs que j'écoute en français, comme Jean Leloup et Daniel Bélanger, ont tous une façon singulière de chanter en français. Je n'ai pas réussi à trouver la mienne alors qu'en anglais, ça s'est fait de manière naturelle», confie-t-il.

S'il compte lancer un album en janvier, Aliocha Schneider est très heureux de pouvoir présenter ses six premiers titres dès le début du mois de septembre.

«J'ai d'un côté des chansons très épurées et acoustiques, enregistrées en une seule prise pour saisir l'instant, et de l'autre, trois autres chansons plus produites», conclut le chanteur, qui sera en spectacle sur le toit d'Ubisoft avec Matt Holubowski le 22 août.