L'album Quintessence sera la matière principale d'un récital présenté aujourd'hui au Gesù. Émeline Michel souhaite ainsi faire triompher le raffinement de la chanson haïtienne, essentiellement créolophone, mais aussi francophone et anglophone.

«Je voulais faire des collaborations avec les écrivains de mon pays et de la Caraïbe, des artistes que j'admire et que je considère comme parmi les meilleurs, comme Yanick Lahens, Edwidge Danticat, Jean-Claude Martineau, Franz Benjamin, Ina Césaire, Ralph Boncy. Ces textes ont été écrits par eux ou par moi, ou encore coécrits avec eux. Nous avons travaillé à faire les chansons de cet album», explique la chanteuse déjà arrivée à Montréal.

La musique a été créée et arrangée de concert avec des musiciens haïtiens et antillais: Ugo Mondésir, Gwen Laster, Kali, Fabrice Rouzier, Jean-Christophe Maillard, Dener Ceide, Boulot Valcourt, James Germain. Les enregistrements ont été réalisés en Haïti, en Martinique, à Miami et à New York.

«J'ai mis quatre ans pour faire cet album, j'ai pris le temps de bien faire les choses, je me suis fait plaisir. Je cherchais la connexion idéale avec les musiciens et les auteurs. J'en ai conservé l'extrait de l'extrait, d'où Quintessence, le titre de l'album. Ça fera son petit bonhomme de chemin», déclare l'interviewée, non sans fierté.

Qu'en est-il devant public? Les musiciens qui accompagnent Émeline Michel sont la pianiste japonaise Yayoi Ikawa et le bassiste et contrebassiste américain Calvin Jones, auxquels se joignent des collègues antillais - Jean-Guy René, percussions, Gashford Guillaume, batterie, Oswald Durand Jr, saxophone et guitare, Makarios Césaire, guitare.

«Les chansons de Quintessence sont très acoustiques comme elles le sont sur scène: piano, contrebasse, guitares, percussions haïtiennes, saxo. C'est épuré, presque nu, car le texte et la mélodie sont mis en valeur. Les styles sont haïtiens, parfois jazzy. Un blues peut se mélanger à un rythme yanvalou...»

Née en 1967, Émeline Michel n'a peut-être pas acquis le statut de super­star antillaise comme on l'avait pressenti à la fin des années 80. En revanche, sa carrière n'a pas été éphémère: depuis ses débuts dans l'île magique, l'artiste n'a cessé de gagner en notoriété, particulièrement auprès des auditoires d'Haïti et de sa diaspora. Chanteuse de puissance et de subtilité, elle est respectée dans tout l'espace créolophone (Antilles et océan Indien) et connue par des milliers de musicophiles francophones nord-américains ou européens.

Originaire des Gonaïves, Émeline Michel avait démarré sa carrière à Port-au-Prince avant de s'installer en Amérique du Nord, d'abord à Montréal puis aux États-Unis. Elle a vécu à Providence et réside depuis huit ans à Manhattan, d'où elle rayonne internationalement en plus d'y élever son fils de 13 ans «qui se prend pour [son] mari et [son] garde du corps», pour reprendre son expression amusée. Émeline Michel dit venir régulièrement à Montréal car sa soeur y est installée, bien qu'elle n'y ait pas chanté depuis plus de trois ans.

Qu'à cela ne tienne, la quintessence est au programme de cette escale attendue.

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Émeline Michel et son ensemble se produisent samedi soir, 20h, au Gesù.