Un chanteur qui a vendu 250 millions d'albums et donné plus de 3500 concerts dans le monde, en 47 ans de carrière, a-t-il encore quelque chose à prouver au public? Pas vraiment, dites-vous. Eh bien oui! À 66 ans, Elton John a tout à prouver. Il doit montrer à son public qu'il est en forme, qu'il est en voix et qu'il peut encore soulever tout un parterre après chacune de ses chansons.

C'est le pari que le chanteur a relevé hier soir, au Centre Bell, devant 16 700 spectateurs très enthousiastes.

Elton John n'était pas venu au Centre Bell depuis cinq ans (alors en duo avec Billy Joel). Sa dernière prestation au Québec remontait à 2011, sur les plaines d'Abraham. Le chanteur à l'éternel piano, qui a lancé son 31e album original en septembre dernier, The Diving Board, s'est arrêté à Montréal dans le cadre d'une tournée mondiale. Il a exécuté 28 pièces, pratiquement toutes des tubes, pour épater trois générations de fans (qui ont de 30 à 70 ans).

Il y a deux Elton John: celui des années 70, avec ses costumes excentriques, ses lunettes énormes, la rock star vaguement décadente et synchrone avec son époque folle; puis le Sir John des dernières années, marié à David Furnish, plus sage, qui multiplie les albums plusieurs fois platine, les tournées lucratives, les musicals à Broadway et les concerts à Vegas. Mais les deux Elton ont gardé la même devise: tout ce qui brille est art.

L'homme en bleu

Vêtu d'une redingote pailletée de couleur bleue, avec des verres fumés assortis, assis devant son piano sous un candélabre géant et multicolore, il a ouvert son concert avec ses cinq musiciens en entamant Funeral for a Friend/Love Lies Bleeding. Enchaînant avec le tonitruant Bennie and the Jets, il a fait bondir la foule. Aux premières notes de Candle in the Wind, des gros «ooohhhhh» ont traversé le Centre Bell, illuminé par des milliers de téléphones.

Ensuite, il y a eu Philadelphia Freedom, Goodbye Yellow Brick Road, Levon, Rocket Man et Tiny Dancer, tirée du film Almost Famous. Magnifique chanson qui nous a rappelé que toutes les vedettes ne sont pas taillées dans le rock comme Elton... (RIP, Philip Seymour Hoffman.)

Le chanteur a joué deux morceaux de son dernier album (Oceans Away, un hommage aux vétérans de la Première Guerre.

Puis il a enchaîné ses «hits»: Don't Let the Sun Go Down on Me, Saturday Night's Alright for Fighting, presque sans interruption, sinon pour faire son salut royal à la foule, avalé une gorgée d'eau et prononcer les quelques mots d'usage.

Une surprise qui n'était pas au programme, la très émouvante Sorry Seems to be the Hardest Word. Et, bien sûr, il s'est gardé deux classiques pour la fin: Your Song et Crocodile Rock en rappel (qu'on a raté, tombée oblige).

Elton John était accompagné de Davey Johnstone à la guitare, Matt Bissonette à la basse, John Mahon aux percussions, Nigel Olsson à la batterie et Kim Bullard aux claviers. Tous aussi en forme que le maître.

Un spectacle professionnel, généreux et (presque) sans temps morts. C'est ça, une légende du rock.