À 37 ans, Charles Benaroya est un musicien d’expérience qui a joué entre autres au sein de l’Orchestre symphonique de Québec, de l’ensemble du Ballet national du Canada et de celui de l’Opéra de Toronto.

Le tromboniste originaire de Montréal vivait et travaillait d’ailleurs depuis plusieurs années dans la Ville Reine. Mais il espérait revenir dans sa ville natale, où demeure toujours sa famille. Et rêvait de l’OSM, « le meilleur orchestre au pays », depuis toujours.

« Cet orchestre m’a beaucoup inspiré jeune. Je faisais jouer des pièces de l’OSM en boucle pendant que j’étudiais. C’était mon rêve. »

Mais ce n’est pas tous les jours qu’un des deux postes de trombone ténor s’ouvre à l’orchestre, et il avait un peu fait une croix là-dessus.

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Charles Benaroya

La dernière fois qu’il y avait eu une audition, c’était en 1999 ! Je ne pensais même jamais avoir la chance d’essayer. Ma prédécesseure a pris sa retraite assez tôt, elle aurait pu rester un autre 10 ans si elle avait voulu.

Charles Benaroya

C’est dire qu’il a sauté sur l’occasion quand elle s’est présentée. Son audition a eu lieu en décembre 2021, en pleine pandémie. Un contexte particulier, puisque comme tout était fermé, il n’avait pas joué depuis longtemps. « Ça m’a pris plusieurs mois pour retrouver la forme expressément pour cette audition. »

Il l’admet, il s’est mis beaucoup de pression. Mais Charles Benaroya est un habitué des auditions : il en a fait plus de 30 dans sa carrière… et en a perdu beaucoup plus qu’il n’en a gagné, dit-il en souriant. Il sait depuis longtemps qu’en plus d’être « bon sur son instrument », il y a un talent additionnel à développer, qui est d’arriver à bien jouer malgré le tourbillon d’émotions.

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Charles Benaroya dans la salle des musiciens, avant le concert du 21 septembre. « En concert, c’est beaucoup moins stressant. C’est rassurant d’être dans une équipe, et plus facile de jouer avec les collègues de l’OSM. »

« En audition, je suis très nerveux. Je sens des papillons, j’ai les lèvres sèches, les mains froides… mais je sais que ça va arriver, alors ça ne me surprend pas. Je peux utiliser ma préparation pour jouer comme je peux. Les émotions, je les sens, mais elles ne m’affectent pas dans le jeu. La préparation prend le dessus. »

D’une trentaine d’aspirants au premier tour le matin, Charles Benaroya s’est retrouvé un des trois finalistes au dernier tour. « J’ai souvent de la difficulté à juger si j’ai bien joué. Chaque fois que j’ai avancé dans cette audition, j’étais surpris. »

En finale, l’anticipation est devenue « de plus en plus extrême ». D’autant qu’il savait qu’il était tout à fait possible qu’au bout du compte, personne ne soit pris. « Plus prestigieux est l’orchestre, plus picky ils vont être avec les candidats. J’étais très conscient que ça se pouvait que personne ne gagne. »

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Préparation avant de monter sur scène

L’attente des résultats est longue, tellement qu’il est convaincu que ses chances sont nulles. Puis il voit arriver le responsable du jury par une porte vitrée, avec l’allure très sérieuse. « Il a ouvert la porte, a dit : ‟Congratulations”, puis il est reparti. Je suis presque tombé en bas de ma chaise. Je ne vais jamais oublier ce moment-là. »

Lune de miel

Soulagement à l’idée de revenir chez lui à Montréal, fierté à l’idée de commencer à jouer avec ces « incroyables collègues » : le tromboniste n’en revenait pas de sa chance. Il a obtenu sa permanence en octobre 2022 et un an plus tard, son nouveau travail est toujours à la hauteur de ses attentes.

« On imagine toujours qu’il y aura une fin à la lune de miel, mais elle n’est pas finie encore. J’ai toujours hâte de rentrer au travail et de jouer ce magnifique répertoire. »

Aux aspirants musiciens, il conseille de ne jamais se décourager. « Il y a aussi un facteur chance dans les auditions. Moi, il y a des auditions où j’ai bien fait, mais ce n’était pas le style qu’ils voulaient. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Mais chaque fois, on apprend de ses erreurs et on essaie de s’améliorer. »