« Les auditions, c’est fondamental dans la vie d’un orchestre », dit la directrice principale du secteur artistique de l’OSM, Marianne Perron.

Si bien que lorsque l’ancien chef Kent Nagano a annoncé son départ en 2017, elles ont été mises sur pause en attendant la nomination de son successeur. Chaque chef ayant sa couleur, sa vision sonore et sa conception de l’orchestre, la tradition est en effet de mettre les auditions en suspens pour que le nouveau puisse faire ses propres choix.

« Mais pendant ce temps, il y a des musiciens qui partent à la retraite quand même… Les auditions sont suspendues, mais pas la vie ! »

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La directrice principale du secteur artistique, Marianne Perron

Résultat : maintenant que Rafael Payare, qui est arrivé en septembre 2021, est bien installé dans son poste de chef, le rythme des auditions est plus élevé. L’OSM compte une bonne centaine de musiciens et à coups de trois ou quatre départs par année – un rythme normal –, au bout de trois ans, il faut rattraper le temps perdu.

« Il y a toujours des périodes de renouvellement un petit peu plus intenses. »

Les auditions ont lieu régulièrement, selon les disponibilités du chef, qui est aussi directeur musical de l’Orchestre symphonique de San Diego. Mais même si les recrues n’intègrent pas toutes en même temps l’orchestre, il y a un afflux de sang neuf qui se fait sentir.

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Le chef de l’OSM, Rafael Payare, quelques minutes avant de monter sur scène le 21 septembre

« Il y a de l’énergie, tellement, a constaté Florence. Surtout qu’on arrive en même temps que Rafael Payare, alors tout est nouveau. C’est un beau moment. »

Des arrivées et des départs

L’arrivée de recrues est quelque chose de « normal et régulier », précise Marianne Perron. « Il y a beaucoup de bienveillance de la part des aînés et les jeunes sont bien accueillis. C’est vrai que c’est agréable, cette énergie et cette passion à l’état pur, mais les musiciens qui sont là depuis toujours, je les trouve aussi passionnés et dédiés. »

Olivier Thouin a vu beaucoup de collègues de longue date partir ces derniers temps, avec un pincement au cœur « au point de vue humain et musical ». « En même temps, on a du sang neuf, des gens avec une fraîcheur, qui arrivent souvent d’un autre milieu, c’est très stimulant. Et on a Rafael qui n’est pas là depuis longtemps non plus. C’est une sorte de renouveau. »

Le rôle de ceux qui restent est d’aiguiller sans condescendance, pour installer les nouveaux « dans la sonorité de cet orchestre-là, continuer la tradition tout en ayant la nouvelle vision des choses de Rafael ».

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Olivier Thouin en répétition avec l’OSM

Tous ces gens qui partent après 30 ou 40 ans, rappelle Olivier Thouin, ont vécu une autre époque, celle de l’essor de l’orchestre, les années Dutoit, les grandes tournées. « Ils ont du bagage en s’il vous plaît. Un pan de cette histoire se renouvelle, des morceaux de l’histoire nous quittent. Le but n’est pas de copier-coller le même orchestre qu’en 1984. C’est d’avoir une nouvelle dynamique, dans la continuité. »

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Reportage sur le processus d’audition. On suit deux jeunes musiciens qui viennent d’obtenir leur permanence, Charles Benaroya et Florence Rousseau à l’OSM. Sur cette photo : Florence Rousseau