Une fois par mois, La Presse présente quelques rendez-vous attendus pour les amateurs de musique classique.

La multiplication des œuvres de compositrices aux programmes des concerts ces dernières années est parfois l’occasion de belles découvertes. Discussion avec la pianiste maskoutaine Élisabeth Pion, qui interprétera le Concerto no 1 en mi bémol majeur d’Hélène de Montgeroult avec l’ensemble Arion du 6 au 8 octobre à la salle Bourgie.

Nous avions rendu compte en juillet d’une nouvelle intégrale discographique des sonates d’Hélène de Montgeroult, active au tournant du XIXsiècle. Faisant partie, après la Révolution française, de la première équipe de professeurs du tout nouveau Conservatoire de Paris, la compositrice et pianiste française s’est notamment distinguée par son recueil d’études pour piano, qui firent plusieurs émules.

Si les études et les sonates ont déjà fait l’objet de quelques enregistrements, ses deux concertos pour piano sont encore peu joués. Le premier, aux dires d’Élisabeth Pion, n’aurait été interprété que par Edna Stern, une des promotrices les plus actives de la musique de Montgeroult.

« C’est une œuvre dont je suis tombée amoureuse », lance la musicienne de 27 ans, une ancienne élève du Conservatoire de Montréal qui a passé plusieurs années à la prestigieuse Guildhall School of Music de Londres.

Le Concerto no 1, comme le no 2, est une transcription faite à partir d’extraits de concertos pour violons de Giovanni Battista Viotti, un virtuose du violon et pédagogue qui avait travaillé pour la reine Marie-Antoinette à la fin de l’Ancien Régime et s’adonnait à l’improvisation avec Montgeroult.

Le concerto ne sonne aucunement comme une transcription. J’inviterais tous les pianistes à jouer ça. Montgeroult a un langage très personnel, comme tous les grands compositeurs.

Élisabeth Pion, pianiste

Ceux qui connaîtraient ses sonates ou ses études, qui ont déjà un gros pied dans le romantisme, trouveront probablement le concerto, écrit plus tôt, plus classique. « Même dans le concerto, tu entends toutefois à quel point elle avait l’esprit vif et allumé, et un très bon sens de l’humour, prévient Mme Pion. C’est comme quand je travaillais un concerto de Haydn et que je riais toute seule en me disant que c’était vraiment une bonne joke ! Le concerto de Montgeroult, c’est un peu ça. Si le public ne rit pas, je vais avoir un peu manqué mon coup ! »

« Dans les écrits qu’on a sur elle, tout le monde dit qu’ils n’ont jamais entendu du piano joué comme ça. Il y a une virtuosité désarmante dans certains passages », ajoute celle qui interprétera également le Concerto no 24 en do mineur, K. 491, de Mozart au même concert, une œuvre composée au même moment que le concerto de Montgeroult.

Le lendemain de notre entretien, Élisabeth Pion s’envolait pour aller travailler le Mozart, qu’elle a déjà joué souvent en concert, avec nul autre qu’Alfred Brendel. « Il sait de quoi il parle ! », dit-elle avec respect.

À la salle Bourgie, elle aura la chance de jouer les deux œuvres sur un piano Broadwood, un facteur que Montgeroult appréciait particulièrement. « Ces instruments avaient un son plus soutenu, une mécanique qui permettait plus de chant, c’était donc plus adapté à elle », précise l’artiste, dont la collaboration avec Arion sera l’objet d’un enregistrement.

Le concert permettra également d’entendre une ouverture de Montgeroult (un arrangement du chef d’Arion, Mathieu Lussier) et la Symphonie no 26 en mi bémol majeur, K. 184, de Mozart, une œuvre de jeunesse peu entendue.

« Les gens sont souvent touchés, surpris, par la musique de Montgeroult, car on ne s’attendrait pas à ça pour son époque, témoigne Élisabeth Pion. Dans le style, c’est profondément visionnaire. C’est vraiment comme du Chopin ou du Schumann avant l’heure. Sa musique est comme une pièce manquante dans le puzzle historique. »

À la salle Bourgie du 6 au 8 octobre

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