L’harmoniciste caméléon publie un septième album aux nuances de bleu sous forme de déclaration d’amour au cinéma, le résultat d’un imaginaire travaillé et maîtrisé qui ne fait pas que s’attaquer au corps, mais fait aussi largement remuer les méninges !

Pilier de la scène blues, virtuose du ruine-babine, compositeur de bandes originales des films de son frère Louis (Post Mortem, Gaz Bar Blues, Route 132, etc.), meilleur harmoniciste aux Maple Blues Awards en 2015, ex-compagnon de tournée de notre Céline, ex-membre des Colocs, compositeur du thème d’ICI Laflaque, n’en rajoutez plus, la cour est pleine, Guy Bélanger est un érudit, à n’en point douter !

Les 11 pistes recueillies dans ce Voyages prennent tout leur sens avec la participation des musiciens de tranchées épris du même goût de l’aventure.

Rob McDonald avec ses guitares graciles est de toutes les excursions, Marc-André Drouin à la basse et Michel Dufour à la batterie font ronronner l’engin organique sans perdre le sourire, Claude Fradette, plus fidèle compagnon musical de Bélanger au fil des ans, fait glisser ses guitares Dobro et Weissenborn sur trois instrumentales aux paysages doux et apaisants, Kilimandjaro, Nieve et The Sun Will Rise.

L’apaisement est total. Les images défilent, les silences s’invitent. Et Guy fait son Guy : il fait virevolter des notes choisies, tendues, nécessaires, les mêmes qu’il y a 30 ans avec son adaptation de l’instrumentale Christo Redemptor de Charlie Musselwhite ou lorsqu’il offrit à Bob Walsh un accompagnement à dresser les poils pour sa chanson Snow Falling Grey Day.

Bayou’s Ride donne le ton dès le départ. Harmonica diatonique, ambiance campagnarde à l’avenant, la prise de son est limpide, on esquisse un sourire. Avoir choisi d’interpréter Duck Soup à la saveur blues, l’indémodable standard du jazz qui fait taper du pied tellement son swing vous avale, c’est réussi, ça crépite de partout !

I Can’t Make You Love Me, vous vous souvenez de cette poignante ballade de Bonnie Raitt ? Version sans paroles, écrin de douceur, c’est beau. King Bee de Slim Harpo, le riff passe-partout fait mouche. Au bout du chemin, le 11e et dernier titre laisse toute la place à la voix de Nanette Workman qui s’élève des tréfonds de son âme.

Il faut signaler la manifeste décontraction dans laquelle baignent ces sessions haut de gamme. Bélanger y trace des esquisses d’artisan et ne recherche pas le profit immédiat. Le temps lui a donné raison.

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Blues folk

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Guy Bélanger

Disques Bros

8/10