Après que le compositeur a vu son premier opéra, L’homme qui rit, créé au Festival Classica le 31 mai, un troisième enregistrement de ses œuvres orchestrales paraît la semaine prochaine sous étiquette Chandos.

Si les deux autres, sortis en 2019 et en 2020, mettaient à contribution des orchestres relativement confidentiels, la maison de disques britannique a cette fois-ci sorti la Rolls-Royce : l’Orchestre symphonique de Londres, ensemble dirigé depuis 2017 par Simon Rattle. Docteur en direction d’orchestre, Ichmouratov en a lui-même pris les commandes lors de l’enregistrement, réalisé l’an dernier dans l’ancienne église St Luke Old Street de Londres.

C’est sur deux partitions concertantes écrites entre 2004 et 2013, mais révisées en 2021, que Chandos a cette fois jeté son dévolu : le Concerto pour piano, opus 40, et le Concerto pour alto no 1, opus 7. Ils sont joués sur l’enregistrement par leurs dédicataires, soit le pianiste Jean-Philippe Sylvestre, qui a collaboré à l’écriture pianistique, et l’altiste Elvira Misbakhova, épouse du compositeur, originaire comme lui du Tatarstan en Russie.

C’est le Concerto pour piano qui nous a semblé le plus intéressant, le plus généreux sur le plan de l’inspiration. Le premier mouvement fait penser de manière troublante à celui du Concerto no 3 de Rachmaninov (impression partagée par notre collègue Arthur Kaptainis, qui signe les notes de programme), alors que le finale regarde davantage du côté de Prokofiev. L’écriture pour les vents se démarque dans l’ensemble par sa virtuosité (Ichmouratov est clarinettiste), et les percussions ne sont pas non plus en reste. Très familier de cette musique post-romantique éminemment pianistique, Jean-Philippe Sylvestre est comme chez lui dans ce concerto.

Le Concerto pour alto, composé dix ans avant, est plus atmosphérique, cinématographique pourrait-on même avancer. Le temps s’y déroule plus lentement, trop lentement peut-être. Le finale, sorte de course folle aux rythmes syncopés, est assurément plus accrocheur que les deux premiers mouvements. Le jeu de la soliste, dans l’ensemble, nous semble plutôt monocorde, parfois à la traîne de l’orchestre, et sans charme particulier en matière de sonorité.

À noter que la création devant public du Concerto pour piano se fera le 1er mai 2024 à Québec avec Sylvestre, Ichmouratov et l’Orchestre symphonique de Québec.

Piano concerto – viola concerto No 1

Classique

Piano concerto – viola concerto No 1

Airat Ichmouratov

Chandos
Album en vente le vendredi 16 juin

7,5/10