S’éloignant du reggae qui l’a inspiré à ses débuts, Shauit renoue avec ses racines musicales, montrant ce qui relie les traditions québécoise et innue.

Du violon, de l’accordéon, des harmonies vocales comme dans les chansons à répondre, de la podorythmie, une pulsation dansante, presque tout ce qu’on entend sur natukun, le nouvel album de l’auteur-compositeur-interprète innu Shauit, de la communauté d’Uashat mak Mani-Utenam, est familier à tous les Québécois. Ce qu’il appelle le folk innu ressemble en effet beaucoup à « notre » folklore.

L’une des grandes différences, c’est qu’il raconte ses histoires en innu-aimun, langue qu’il s’est réappropriée en écoutant et en faisant de la musique, et à laquelle il donne ici et là une énergie joliment percussive (nutshimam trad, notamment). Il parle du respect des chefs, des gens qui lui manquent, et évoque les coups durs de la vie. Il chante aussi l’espoir et présente une chanson intitulée tshishpitenitakushin (« tu es importante »), phrase qu’il adresse à toutes les personnes des Premiers Peuples qui, au fil de l’histoire, se sont fait répéter qu’elles étaient des moins que rien.

Pour ce disque où il renoue avec le folklore, Shauit montre son envie de rapprochement entre les peuples en invitant un monument de la trad québécoise, nul autre que Yves Lambert. Il reprend avec lui une chanson de Cyrille Fontaine (ka utapanashkutshet) et ekuan pua (de Philippe Mckenzie), qui est ni plus ni moins que l’hymne national non officiel des Innus, sinon de tous les premiers peuples du Québec.

natukun est un disque généreux aux arrangements riches, porté ici et là par des élans folk-pop, et ponctué par la pulsation du teueikan, tambour innu presque sacré. Shauit marie ici habilement passé et présent, en proposant notamment un « remix » réjouissant d’une chanson de Morley Loon (dont il souligne l’influence sur la musique innue de toute la Côte-Nord) à laquelle il mêle son amour du reggae. À découvrir.

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natukun

Folk-trad

natukun

Shauit

Pasa Musik

7,5/10