Une fois par mois, La Presse présente quelques rendez-vous attendus pour les amateurs de musique classique.

Le nom de Francis Choinière s’est frayé peu à peu un chemin dans l’actualité culturelle des dernières années. Pas plus tard que vendredi passé, le jeune homme de 25 ans remplissait le prestigieux Roy Thomson Hall de Toronto avec son Ensemble Classico-Moderne.

« Cette année, c’est la première fois qu’on commence à sortir du Québec. C’est quelque chose qui était très important pour nous et qu’on veut continuer à développer », explique le chef d’orchestre et entrepreneur pendant qu’un appel aux voyageurs retentit dans l’aéroport où il attend son départ pour la Ville Reine.

Cette ville, où Choinière s’est rendu le mois dernier pour assister le chef Jacques Lacombe dans l’opéra Carmen à la Canadian Opera Company, représente pour lui une première tête de pont pour conquérir l’extérieur du Québec.

Le concert offert le 4 novembre aux Torontois, qui mettait en vedette la jeune violoniste Isabella d’Éloize Perron dans les Quatre saisons de Vivaldi et les Quatre saisons de Buenos Aires de Piazzolla, est maintenant une machine bien huilée, puisqu’il a été présenté quatre fois l’an dernier et sept fois cette année, la plupart du temps à guichets fermés.

Mais il faut du flair – et du cran ! – pour louer la Maison symphonique, le Roy Thomson Hall ou le Grand Théâtre de Québec et y présenter des musiciens à peu près inconnus sans faire banqueroute.

C’est que Francis Choinière sait bien s’entourer. Depuis la fondation de son entreprise GFN Productions, il travaille étroitement avec son frère Nicolas et leur ami Gabriel Felcarek (les « N » et « G » du nom de l’entreprise).

Avec le nombre de concerts présentés par GFN, on s’attendrait à une plus grosse équipe en coulisses pour assurer l’intendance, mais les trois mousquetaires sont seuls dans le navire. Ah oui, comme le trio d’Alexandre Dumas, ils ont leur D’Artagnan – ou Richelieu ? – en Denis Chabot, un vétéran en recrutement de musiciens d’orchestre.

« On peut faire beaucoup avec une petite équipe, certifie le chef d’orchestre. Ça simplifie les choix, il y a moins de discussions en table ronde de 20 personnes pour décider quoi faire. Les choses bougent vite. Les grands organismes culturels – je ne vais pas donner de noms – ont de grandes équipes administratives qui coûtent très cher, mais qui ne réussissent pas à en faire autant, disons. »

Vers des œuvres plus pointues

Les choses bougent vite pour GFN Productions. Fondée en 2018, l’entreprise a d’abord fait son pain et son beurre des concerts de musique de film. « On a apporté beaucoup de public à la Place des Arts avec FILMharmonique, et ça, c’est des gens qui ont assisté après à notre concert Holst : Les Planètes, qui comportait certaines musiques de films, mais aussi de grandes œuvres symphoniques », raconte le musicien.

Car l’objectif ultime de Francis Choinière et de ses deux acolytes est d’amener davantage de gens à entendre des œuvres plus pointues en les attirant par des programmes épousant des thématiques originales.

C’était le cas, le printemps dernier, avec le Concerto de Québec d’André Mathieu joué par le populaire pianiste Alain Lefèvre, programmé avec la Symphonie fantastique de Berlioz. Ce sera aussi le cas en mai prochain avec un concert mettant en vedette La mer de Debussy, mais aussi A Sea Symphony de Vaughan Williams, une œuvre pour chœur et orchestre rarement entendue ici.

PHOTO FOURNIE PAR GFN PRODUCTIONS

Francis Choinière

Comme Yannick Nézet-Séguin, son modèle « numéro un », Francis Choinière a fait ses premières armes comme chef de chœur, une activité qu’il n’est pas près d’abandonner, lui qui a fondé l’Orchestre philharmonique & Chœur des mélomanes (OPCM) en 2016, deux ans avant GFN Productions.

« La mission de l’OPCM est de mettre en valeur les œuvres chorales symphoniques. L’Orchestre Métropolitain et l’OSM en font, mais pas aussi souvent, explique-t-il. Je descends la liste des requiem : j’ai fait Mozart, Fauré, Duruflé et Brahms durant la pandémie, et naturellement, la prochaine chose que je voulais faire, c’était le Requiem de Verdi », qu’il dirigera à la Maison symphonique le 13 novembre.

Le bilan de ses quatre années à la tête de GFN ? « Sa mise sur pied a été un move important qui a permis de créer beaucoup de travail sur la scène culturelle, se réjouit le jeune chef. Les musiciens qu’on engage chaque année, c’est comparable à certains orchestres symphoniques, pas l’OSM, mais de région. On est aussi occupés qu’eux, même parfois plus. »

Requiem de Verdi, à la Maison symphonique, le 13 novembre, à 19 h 30

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Le violoniste Blake Pouliot

Un trio étoile à l’OSM

L’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) réunit un trio étoile mercredi et jeudi soir. Le violoniste Blake Pouliot, le violoncelliste Bryan Cheng et la pianiste Angela Hewitt, tous déjà couronnés au Concours de l’OSM, seront réunis dans le Triple Concerto de Beethoven. La cheffe française Laurence Equilbey, qui sera au pupitre, dirigera en outre la Symphonie no 1 de sa compatriote Louise Farrenc, qu’elle a elle-même contribué à faire connaître sur disque.

Rachel Barton Pine met les compositrices à l’honneur

La violoniste états-unienne Rachel Barton Pine ne laisse pas indifférent par son jeu investi et sa technique d’airain. Elle sera de retour à Montréal à l’invitation du Ladies’ Morning Musical Club le 13 novembre dans un programme idéalement constitué qu’elle jouera aux côtés du pianiste Matthew Hagle. En plus de sonates de Mozart et Respighi, la musicienne mettra de l’avant deux œuvres de compositrices du XIXe siècle, Amy Beach et Amanda Meier.

La France à petit prix chez I Musici

Pas besoin de passeport pour aller en France avec I Musici, qui vous y conduit le temps d’une soirée, le 17 novembre, à la salle Pierre-Mercure, avec l’impressionnante cheffe britanno-colombienne Tania Miller et la harpiste québécoise Valérie Milot en guise de copilotes. Le Concerto pour harpe de Boieldieu sera au menu avec les Danses sacrée et profane de Debussy, en plus d’une escale en Estonie avec l’intemporelle Tabula rasa d’Arvo Pärt.

Rare occasion d’entendre Andrei Feher à Montréal

Andrei Feher se fait plus rare au Québec depuis qu’il est devenu le chef de l’Orchestre symphonique de Kitchener-Waterloo. Raison de plus pour venir l’entendre diriger l’Orchestre du Conservatoire de musique de Montréal à la Maison symphonique, le 19 novembre. Feher et les étudiants de l’établissement offriront la célèbre Symphonie no 8, Inachevée de Schubert, de même que le Concerto pour violon de Tchaïkovski et le Concerto pour violoncelle no 2 de Haydn avec deux solistes du Conservatoire.

Retrouver la musique de Proust

Les amoureux d’À la recherche du temps perdu savent bien à quel point la musique y occupe une place centrale. Ceux qui se rendront à la salle Bourgie le 20 novembre en après-midi – deux jours après le centenaire de la mort du maître – n’entendront évidemment pas la fameuse Sonate de Vinteuil, qui n’exista que dans la tête de Proust, mais des œuvres de ses compositeurs contemporains favoris, Hahn, Franck, Fauré, Debussy et Ravel, en plus d’extraits de son opus magnissimum lus par la comédienne Ginette Chevalier.