Deux décennies après la parution de Break syndical, l’album qui a fait d’eux un groupe majeur, les Cowboys fringants demeurent le groupe québécois le plus important. Pas seulement pour leur génération, mais pour celles d’avant et d’après.

Dean Kalaidjian

PHOTO FOURNIE PAR DEAN KALAIDJIAN

Dean Kalaidjian

Sa grande rencontre avec les Cowboys fringants, Dean Kalaidjian l’a vécue à Woodstock en Beauce à l’été 2001. « Ç’a été le coup de foudre », dit-il. Et ça dure. Depuis, il a vu les Cowboys sur scène près de 230 fois. « J’adore que le groupe soit impliqué pour l’environnement et des causes sociales, mais pour moi, ça se passe sur scène, dit l’homme qui dit avoir plus de 45 ans et moins de 60 ans. Leur énergie en show est super. J’adore les paroles, mais comme je suis anglophone, c’est plus les rythmes des chansons qui me plaisent, c’est très dansant. » Break syndical, de son point de vue, est le disque qui a lancé le groupe « pour la vie ». « Après, ils ont eu plusieurs disques sur lesquels il y avait toujours au moins quatre ou cinq bonnes chansons et ça, c’est rare », juge Dean. Il estime que les Cowboys se renouvellent toujours et que Jean-François Pauzé a pris beaucoup de maturité comme auteur. « C’est impossible de ne pas continuer à les suivre ! »

Bruno Cadoret

PHOTO FOURNIE PAR BRUNO CADORET

Bruno Cadoret

Vous avez entendu parler des « Cousins fringants » ? C’était une association de fans européens des Cowboys fringants. Bruno Cadoret, qui a découvert la musique des Cowboys par hasard dans un bar de Montréal, en est l’un des cofondateurs. « Je n’avais jamais entendu un truc comme ça, qui me prenait que ce soit par les textes ou la musique, cette authenticité-là », dit le fan de 52 ans, qui avait rapporté l’album Attache ta tuque dans ses bagages. Bruno est toujours fan des Cowboys. La Presse l’a d’ailleurs joint à la fin de février, au lendemain d’un concert du groupe à Bercy, auquel il avait assisté. Ce qui lui plaît ? « Ç’a toujours été les textes, engagés, écolos, sociaux et humoristiques qui parlent du quotidien. Ils n’ont pas trop changé non plus, même s’ils ont évolué sur le plan musical. C’est plus recherché maintenant. Il y a des textures et des arrangements qu’il n’y avait pas avant. »

Coralie Vigneault

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Coralie Vigneault

« Pour moi, les Cowboys, c’était des classiques de la chanson québécoise », dit Coralie Vigneault (aucun lien de parenté avec l’auteur de ces lignes), qui est née un an avant Break syndical. Elle a vu le groupe pour la première fois au Festival d’été de Québec, il y a environ cinq ans. « Je me suis tapé tous leurs albums en prévision de ce show-là. J’ai eu un coup de cœur pour plusieurs disques, mais je suis devenue encore plus fan quand je les ai vus sur scène. C’était d’un autre niveau, dit-elle. Il y a de la spontanéité dans les shows des Cowboys, tu ne sais jamais à quoi t’attendre et tu es toujours agréablement surpris. » Sa chanson préférée ? Louis Hébert, qui parle du français et d’amnésie collective. « C’est une chanson très peu connue et c’est dommage parce que le texte est formidable et la minute instrumentale à la fin aussi, juge-t-elle. Elle est même essentielle. »

Jeanne Fontaine

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Jeanne Fontaine

Jeanne Fontaine, 21 ans, garde un souvenir mitigé de son premier contact avec la musique des Cowboys fringants. Les chansons Les étoiles filantes et Plus rien, deux morceaux pas très jojo, suscitaient un malaise chez elle. « J’étais très jeune », dit-elle. « Les Cowboys, je pense que tout le monde finit par les connaître à un moment donné au Québec. Moi, je les ai découverts plus au secondaire. L’album Break syndical aussi. Mes amies et moi, on écoutait beaucoup les Cowboys. » Elle avoue que ce sont d’abord les paroles qui la touchent et aussi qu’elle a un faible pour la chanson Entre deux taxis. Jeanne, qui étudie en musicologie, a notamment beaucoup apprécié la collaboration entre le groupe et l’Orchestre symphonique de Québec il y a quelques années. « J’ai vraiment aimé ça parce qu’on voyait l’espèce de lutte entre la musique populaire et la musique classique, se rappelle-t-elle, mais en même temps ça se mariait vraiment bien. »

Émilie Drouin

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Émilie Drouin

« Quand j’étais au secondaire, la chanson Les étoiles filantes jouait vraiment beaucoup et je la trouvais vraiment belle. J’ai voulu l’apprendre par cœur », raconte Émilie Drouin. C’est comme ça qu’elle est tombée « dans l’algorithme des Cowboys sur YouTube ». Ses amis et elle ont ensuite plongé dans le répertoire du groupe. Ce qui lui plaît ? Les paroles, d’abord, puis les mélodies. Et l’attitude du groupe. « Ils ne se prennent pas pour d’autres, en show, et je trouve ça le fun », dit-elle. Émilie, qui a à peu près l’âge de Break syndical, avoue ne pas avoir de grandes affinités avec ce disque-là. « C’est moins le genre de chansons des Cowboys que j’apprécie, dit-elle. Il y en a quand même que j’aime sur l’album et que j’écoute pour me mettre dedans les jours où ça ne me tente pas. La manifestation, ça te part une journée, ça ! »

Mathieu Poulin

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Mathieu Poulin

C’est par l’entremise de son père que Mathieu Poulin, 28 ans, a découvert les Cowboys fringants. Il se rappelle d’abord la pièce Attache ta tuque. « Mon père a un shack dans le nord de la Mauricie et on a deux bonnes heures où il n’y a pas de radio, alors on mettait des CD. On mettait le disque des Cowboys et en particulier la chanson Le shack à Hector », raconte-t-il. Son père et lui chantaient à tue-tête Le gars de la compagnie, En berne, Toune d’automne, Marcel Galarneau, La manifestation et les autres. Après avoir fait semblant de ne pas aimer la musique québécoise au secondaire, parce que ce n’était pas cool, il est retombé dans le répertoire des Cowboys au cégep. « C’est là que je me suis mis à vraiment comprendre les paroles, que j’ai eu le gros coup de foudre et que j’ai commencé à être un vrai de vrai fan », dit-il. Depuis 2012, il a assisté à environ 50 spectacles du groupe. « Un show des Cowboys, tu peux le vivre de différentes façons, juge-t-il. Si tu es au balcon, tu peux t’asseoir et profiter du show. Si tu es au parterre, ça brasse, tu danses, tu te défoules, dit-il. Il y a aussi le show lui-même, qui est différent d’une fois à l’autre. Il y a tout le temps trois ou quatre tounes différentes d’un show à l’autre [dans une même tournée] et ils font tout le temps des conneries différentes. Tu as toujours des surprises. » Mathieu n’a pas encore assisté à un concert du groupe avec son père. « Ça va être ma résolution de l’année ! »