Pas question que les relents estivaux de COVID-19 et les restrictions sanitaires entament les célébrations des 35e Nuits d’Afrique. Le festival consacré aux cultures africaines et caribéennes sera présenté en mode hybride, avec des spectacles numériques, en salle et en plein air. Une invitation au voyage, sans passeport.

Le rendez-vous anniversaire démarrera ce mardi sur Facebook Live avec les retrouvailles du festif Bal de l’Afrique enchantée — composé des MCs et animateurs radio Soro Solo, Vladimir Cagnolari et Hortense Volle — et des Mercenaires de l’ambiance, une « machine à danser » de 11 chanteurs et musiciens français. Les organisateurs promettent une « fête explosive », un voyage « à travers les styles, les pays et les époques ».

« Puisque c’était une année anniversaire, il fallait être créatif et faire des choses dignes de nos 35 ans, explique Suzanne Rousseau, directrice générale. Le festival a toujours représenté avec autant d’importance les scènes locale et internationale. »

PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL NUITS D’AFRIQUE

Ce portrait de Fatoumata Diawara fait partie de l’exposition photographique des 35e Nuits d’Afrique, présentée du 6 juillet au 8 août.

Pour conclure les réjouissances, le 18 juillet, le festival proposera un plongeon dans trois décennies d’archives, où se sont accumulés « pépites rares, moments marquants et rencontres exceptionnelles ». Dans les derniers mois, l’organisation s’est attelée à extraire une foule d’enregistrements inédits qui sommeillaient en format Betacam. Un pot-pourri, toujours en peaufinage, sera présenté en guise de soirée de clôture.

« Une édition anniversaire t’amène en arrière, explique Mme Rousseau. C’est encore plus vrai cette année en mode pandémie. »

On a trouvé des images du concert qui a lancé Tiken Jah Fakoly au Québec, à la place Émilie-Gamelin, en 2000, d’Angélique Kidjo, en 1999, ou encore de la première édition du festival en plein air boulevard Saint-Laurent, en 1987.

Suzanne Rousseau, directrice générale de Nuits d’Afrique

Entre ces deux « grands évènements » en ligne : des projections monumentales de concerts sur la façade de la Maison symphonique, des activités extérieures gratuites, une exposition photographique et une vingtaine de concerts répartis dans trois salles, soit le National, le Club Balattou et Le Ministère.


PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL NUITS D’AFRIQUE

Moridja jouera au Club Balattou le 15 juillet.

Trois concerts « spécial 35 ans » seront présentés sur la scène du National du 7 au 9 juillet. Se succéderont Daby Touré et Joyce N’sana dans le cadre d’une programmation double « aux échos afro-blues », la soirée Rythmes au féminin ainsi que Jab Djab, l’un des pionniers du festival, avec ses invités.

Il faudra attendre le 13 juillet pour que 60 concerts acoustiques gratuits, répartis sur six jours, fassent vibrer les chapiteaux du Cabaret Nuits d’Afrique et du Cabaret Tombouctou, dans le Quartier des spectacles. « Il y aura 37 artistes différents en formule intime », note Suzanne Rousseau. Parmi eux : Elete et Naxx Bitota, EMDE, Boogat, Tito Maréchal, Giovany Arteaga et Ndaka.

Cet échantillon de musiciens québécois aux origines tchadiennes, congolaises, maliennes, colombiennes, haïtiennes, cubaines et angolaises prouve que le festival n’a nul besoin des aéroports pour conserver son caractère « international ».

Le volet Syli d’or de la musique du monde poursuivra en outre sa mission, amorcée en 2014, de présenter les talents de la relève en rythmes métissés, dont le lauréat du concours-vitrine, Boulila, sextet maroco-québécois qui fusionne gnawa, jazz, blues, funk et afrobeat.

Bref, autant d’occasions de voyager à peu de frais, sans passeport ni quarantaine obligatoire.

Consultez le site de Nuits d’Afrique

Trois « immanquables » selon Suzanne Rousseau

Bal de l’Afrique enchantée

À 20 h le 6 juillet, en ligne

« C’est un concert qu’on a commandé spécialement pour le festival. Le bal est parti d’une émission sur France Inter, où trois animateurs culturels jouaient les musiques de tout le continent à l’époque des indépendances. En ont émergé de grands orchestres et de grandes musiques. Ils les revisitent dans un contexte social, expliquent leur contexte de création, etc. Ils ont ensuite créé un spectacle live avec les meilleurs musiciens basés à Paris, les Mercenaires de l’ambiance. En 2014, on avait présenté le spectacle au parterre du Quartier des spectacles. À voir la réception du public, une soirée, ce n’était pas assez. Depuis 2018, ils n’avaient pas joué ensemble. On leur a demandé de remonter sur scène, de pratiquer et de dédier un spectacle aux 35 ans de Nuits d’Afrique. J’ai vu le montage, hier. Quel grand calibre ! C’est extraordinaire. Ça va être notre grand concert international. »

Regardez le Facebook Live de l’évènement

Jab Djab et invités

À 20 h le 9 juillet, au National

PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL NUITS D’AFRIQUE

Jab Djab sera de passage au National le 9 juillet.

Les membres du trio tropical originaires de Trinidad et Tobago Jab Djab sont à ce point liés à Nuits d’Afrique qu’on les désigne par leur prénom : Ross, Wayne et André. Leur reprise du tube des Merrymen en a fait un groupe Hot, Hot, Hot. « Jab Djab va présenter son nouveau matériel, mais dans la deuxième heure, il y aura des artistes invités : King Shadrock, Kabey Konaté et Kayiri. Ils vont interpréter des chansons dans la langue des autres artistes sur scène. C’est vraiment une belle création et ça va être très, très spécial à découvrir. »

Les spectacles son et lumière

Dès 21 h du 13 au 18 juillet, devant la Maison symphonique

Chaque soir, la façade de la Maison symphonique racontera 35 ans de Nuits d’Afrique grâce à des projections monumentales. À 21 h 30, un spectacle son et lumière mettra en scène quatre artistes du festival — EMDE, Joyce N’sana, Yamoussa Bangoura et La Pirogue — jumelés à des images d’archives et des effets spéciaux. Puis, à 22 h, un concert marquant présenté dans les trois dernières décennies reprendra vie sur… mur. Au programme : Angélique Kidjo, Admiral T, Meiway, Tabou Combo, Black Bazar et Orquesta Aragón. « L’année passée, on avait déjà fait des projections au Quartier des spectacles au mois d’août. Ce que l’artiste visuel [Jérôme Delapierre] réussit à faire avec nos artistes, avec des concepts et des univers extraordinaires, c’est grandiose ! »