Louis-Jean Cormier revient le 20 mars avec Quand la nuit tombe, un disque aventureux, rock dans l’esprit, mais sans guitare, dont plusieurs chansons sont inspirées de gens qui l’entourent. Parce que si la musique nourrit la vie, c’est d’abord la vie, et ses proches, qui nourrissent sa musique.

Sa muse

« Le mot est fort, mais pas gratuit », insiste Louis-Jean Cormier. Celle qu’il ne nomme jamais en entrevue et qu’il appelle « sa muse » dans le livret de Quand la nuit tombe, c’est l’animatrice Rebecca Makonnen. « En partageant ma vie avec cette femme-là, l’artiste en moi trouve des ressources de création, mais change aussi. Je deviens une autre personne, plus consciente », dit-il. Sa compagne, qui coanime notamment l’émission Esprit critique, est une mélomane à l’affût de tout ce qui bouge. « C’est super stimulant ! », lance le chanteur. Louis-Jean Cormier admet avoir ouvert les yeux sur bien des choses à son contact. Sur le racisme parfois décomplexé qui s’exprime dans notre société, notamment. Sa chanson Les poings ouverts évoque d’ailleurs les messages haineux qu’elle reçoit et son envie de partir « dans un endroit où personne ne pointe du doigt ». Il a aussi découvert, à la faveur de séjours en Éthiopie, le jazz et la musique traditionnelle de ce pays, auxquels il fait de subtils clins d’œil – un échantillon ici, une référence mélodique là – dans différents morceaux.

Son père

Sur Croire en rien, l’une des chansons douces de Quand la nuit tombe, Louis-Jean Cormier parle de son père mort il y a environ un mois. Sans avoir pu entendre la chanson composée pour lui. « Je suis surpris de ma réaction par rapport au deuil, avoue-t-il. Ça me drive plus que je pensais… et ça m’épuise aussi. » Son père a été prêtre avant de fonder une famille. Il a gardé de son passage dans les ordres des valeurs et des principes. « Et la pratique de la religion catholique », précise Louis-Jean Cormier, qui a été à la messe jusqu’à 14 ans. « Je trouvais le moyen de jouer de la musique [à l’église], avec mon frère, raconte-t-il, on trouvait que c’était moins plate. » Il garde de son père un bagage de chanson – Félix, Vigneault, Ferland, Charlebois – et un amour de la musique classique qu’on entend entre autres sur 100 mètres haies. « On a vécu avec ça, se rappelle le chanteur. Mon père avait, je pense, un parti pris pour mon frère, qui est dans l’Orchestre symphonique de Québec. On dit à la blague qu’il était le chouchou de mon père et moi, celui de ma mère… »

> Écoutez un extrait de Croire en rien :

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Son fils

Sur la chanson Toi aussi, Louis-Jean Cormier parle à son fils Édouard qui lui a demandé de lui expliquer ce que signifiait le mot-clic #metoo. « Je ne suis pas sûr d’avoir fait le tour de la question avec lui, mais moi, après, j’ai continué à réfléchir à ça, raconte-t-il. Je me suis demandé : comment il me voit, mon fils ? » Comme un père absent ? Comme un homme qui aime comme il faut ? « Qu’est-ce qu’on doit faire pour défaire/les travers d’autrefois/Je veux que ta sœur soit fière/De toi et de moi », chante-t-il doucement, sur une mélodie fort touchante. Ce faisant, il prend acte qu’il ne suffit pas de faire renforcement positif auprès de nos filles, mais que l’égalité passe aussi par l’éducation des garçons.

Son alter ego

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE

Le claviériste François Lafontaine

« Il est difficile de ne pas penser, à très petite échelle, à un feeling Lennon-McCartney », dit Louis-Jean Cormier, en parlant de son ami François Lafontaine, claviériste de Karkwa, et lui. Il croit que s’ils peuvent faire de grandes choses l’un sans l’autre, ils ont aussi parfois besoin l’un de l’autre pour aller plus loin. François Lafontaine apparaît pour la première fois sur l’un de ses disques solos. Il a débarqué en studio avec son arsenal et a rempli l’espace de nappes sonores parfois énervées, parfois puissamment aériennes, qui contribuent à propulser Tout tombe à sa place, Je me moi et Ravin. « Frank, c’est un gars magnétique, dit-il. C’est un truck. Il rentre dans les tounes comme s’il n’y avait pas de lendemain. »

> Écoutez un extrait de Tout tombe à sa place :

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Son groupe

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Louis-Jean Cormier au Metropolis, en 2015. À l’arrière-plan, à la batterie, Marc-André Larocque.

Louis-Jean Cormier a enregistré Quand la nuit tombe live en studio. Avec des musiciens qui le suivent depuis longtemps : Alex McMahon (pianiste d’abord, qui a surtout joué de la batterie ici), Marc-André Larocque (aussi à la batterie) et Guillaume Chartrain (à la basse). Ces liens lui sont essentiels. « La musique, c’est pas juste des notes, des accords et des instruments, fait-il valoir. C’est probablement plus de la télépathie qu’autre chose et ça prend des années à construire cette chimie-là. » Être bien entouré lui donne confiance qu’il va inévitablement se passer quelque chose s’ils mettent leurs forces en commun. « Tu deviens le capitaine d’un bateau qui veut avancer tout seul », illustre-t-il. Tant qu’à jouer avec du monde, il veut jouer avec des gens qui vont apporter leurs propres couleurs, qui sont prêts à aller là où ils ne sont jamais allés. « La musique, c’est 10 % de notre temps sur scène. Tout le reste se passe dans des avions ou des trucks. Surtout des trucks… Il faut que la chimie musicale soit là, tranche-t-il, mais aussi la chimie humaine ! »

IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON DE PRODUCTION

Quand la nuit tombe
Louis-Jean Cormier
Simone Records
En vente dès le 20 mars