La salle Bourgie lance ce jeudi la première partie de sa programmation d’automne, qui comprendra 36 concerts devant un maximum de 120 spectateurs.

« La journée où nous avons fermé, mon but était de rouvrir ma salle. […] Je voulais que les musiciens puissent jouer. » La détermination d’Isolde Lagacé est indéniable. La directrice générale et artistique de la Fondation Arte Musica, qui produit depuis 10 ans les concerts donnés à la salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal, devait lancer sa saison 2020-2021 le 2 avril dernier : 110 concerts avec des artistes des quatre coins du monde, des orchestres, des chœurs… Mais la pandémie en a décidé autrement.

PHOTO SIMON GIROUX, ARCHIVES LA PRESSE

Isolde Lagacé, directrice générale et artistique de la Fondation Arte Musica, qui produit depuis 10 ans les concerts donnés à la salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal

Pour des raisons logistiques – et de prudence –, Mme Lagacé n’a voulu lever le voile, pour l’instant, que sur 36 événements compris entre le 16 septembre et le 18 novembre.

« Nous avons entièrement révisé notre programmation, parce que nous avions environ 45 % de concerts avec des artistes internationaux » dont la venue à Montréal est devenue incertaine, voire impossible avec les contraintes d’entrée au Canada, affirme la directrice.

« Sur scène, avec le paramètre [de distanciation physique] de 2 mètres qui s’applique aux musiciens, nous pouvons mettre 11 musiciens », poursuit-elle. Impossible, donc, pour ne donner qu’un exemple, de présenter pour le moment l’an 7 de l’intégrale des cantates de Bach, qui aurait nécessité la présence d’un orchestre complet.

« La première saison, j’avais fait une saison 100 % locale, avec des musiciens d’ici », se remémore la directrice, en traçant un parallèle avec ce prochain millésime entièrement du cru. Cela montre la richesse du talent québécois et canadien. »

C’est assez phénoménal d’arriver à faire des saisons d’un niveau aussi élevé avec des gens qui peuvent même, à la limite, venir à pied à la salle.

Isolde Lagacé, directrice générale et artistique de la Fondation Arte Musica

Des fauteuils qui se font rares

Pour éviter les contacts entre les spectateurs, notamment durant les entractes, les concerts ont été raccourcis à une heure sans pause. Quant à la nouvelle limite de 250 spectateurs permise depuis peu par la Santé publique, elle ne s’applique pas à la salle Bourgie, qui ne peut remplir que 120 de ses 460 places étant donné la distanciation de 1,5 m à respecter entre les détenteurs de billets.

Les malchanceux qui ne pourront mettre la main sur un des précieux sésames pourront toutefois jouir d’une nouvelle possibilité. Mme Lagacé applaudit le « partenariat magnifique » conclu avec Guillaume Lombart, nouveau président de l’étiquette ATMA Classique, qui lui a proposé de faire jouer des artistes de sa maison à Bourgie devant public avec transmission sur le web clés en main, par l’entremise de la plateforme Livetoune, également propriété de l’homme d’affaires. Une entente gagnant-gagnant pour les deux parties, puisque la directrice peut compter sur des artistes « avec qui [elle] travaille régulièrement » et qu’elle connaît bien. Il était toutefois absolument essentiel, selon elle, que l’accès au contenu soit payant et limité dans le temps afin de conserver l’aspect de rareté associé au concert. Le projet permettra notamment d’entendre le pianiste David Jalbert dans les Sept dernières paroles du Christ de Haydn (24 septembre) et le quintette Pentaèdre (28 octobre).

PHOTO FOURNIE PAR LA SALLE BOURGIE

Le quintette Pentaèdre se produira le 28 octobre prochain à la salle Bourgie.

Le clou de la saison sera assurément la dernière partie de l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven avec Louis Lortie, qui a volontiers accepté de traverser l’Atlantique et d’affronter la quarantaine imposée à l’arrivée afin de présenter sept concerts donnés chacun deux fois.

Autre fleur du piano québécois, Charles Richard-Hamelin célébrera le cinquième anniversaire de son triomphe au concours Chopin de Varsovie avec quatre récitals mettant en vedette le maître polonais, mais aussi Brahms et Medtner.

PHOTO MICHEL TREMBLAY, ARCHIVES LE QUOTIDIEN

Le pianiste Charles Richard-Hamelin

N’a-t-il pas été ardu de convaincre les artistes de jouer deux fois le même programme, parfois au cours de la même journée ? « Il n’y a pas un musicien qui n’a pas voulu jouer deux fois. […] C’est cela leur métier, c’est cela leur vie : jouer », assure Mme Lagacé.

La Fondation Arte Musica présentera également le Nouveau Quatuor Orford (16 et 17 septembre), les Violons du Roy, en formation réduite (9 et 10 octobre), la gambiste Mélisande Corriveau (21 octobre) et un bal de l’Halloween (31 octobre et 1er novembre). L’exposition Paris au temps du postmodernisme : Signac et les Indépendants servira en outre de prétexte pour mettre à l’honneur le répertoire français avec le Cheng2 Duo (23 septembre) et la mezzo-soprano Michèle Losier (4 octobre).

Consultez le programme de la salle Bourgie