Cinq ans après son album Casablanca, le comédien et chanteur David Giguère revient à la musique. Avec des chansons pop connectées sur sa quête identitaire.

Il s’est écoulé cinq ans entre Casablanca et Constance, les deuxième et troisième disques de David Giguère. Il avait 25 ans, il revient après avoir franchi le cap de la trentaine. Plus posé, peut-être, mais pas moins habité de mille questions sur ses deux métiers – il est comédien, en plus de faire des chansons –, sur le monde dans lequel il vit et sur lui-même.

Ce long silence n’était qu’une apparence. Le comédien, vu notamment dans l’émission Les Simone, s’est remis à composer un an à peine après la sortie de Casablanca. Il est très vite retourné en studio, aussi. Avec le même réalisateur, Jonathan Dauphinais. Il a enregistré, réenregistré, arrangé, réarrangé ses morceaux… Bref, David Giguère a passé cinq années à dire : « Ça s’en vient ! »

Il s’est dépêché… lentement.

Casablanca avait été fait dans l’urgence, rappelle-t-il. « Le processus avait duré deux ou trois mois, écriture, enregistrement et tout. J’avais une envie puissante, presque violente, de nommer des choses », explique-t-il.

Extrait du clip Téléphone, de David Giguère

Après l’impulsion initiale, il a eu envie que Constance prenne un chemin encore plus intérieur. Il a voulu trouver son angle, prendre le temps d’affiner son regard.

Pop introspective

Il en résulte un album au ton étonnamment plus direct et plus pop, compte tenu de sa nature introspective. Souvent nourri par l’impression très nette de ne pas avoir le bonheur « tatoué sur l’avant-bras » et ne pas trop savoir comment en parler. Le sentiment diffus de ne pas « fitter ».

Qu’est-ce que le monde d’aujourd’hui me propose par rapport au travail ou comme cheminement intérieur ? J’ai l’impression que plus on avance, moins il y a d’espace pour ce qui est personnel ou spirituel, alors que c’est vraiment important pour moi.

David Giguère

Le chanteur, on le sent, a traversé une période de remise en question assez profonde, même s’il n’entre pas dans le vif du sujet lorsqu’on l’interroge à ce propos. « Mon chemin pour me rendre à créer, il est souvent inconscient, mais c’est une volonté de nommer des trucs que je n’arrive pas à nommer dans ma vie de tous les jours », dit-il simplement.

« Après, j’espère que les gens pourront connecter avec ça aussi. On est tous uniques, mais on vit tous les mêmes affaires. J’espère que ça va résonner dans leur vie à eux. Après, on s’en fout de ce que j’ai vécu, lance-t-il. Du moment où il y a une écoute, j’espère qu’il y aura un partage. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE DAVID GIGUÈRE

Pochette de l’album Constance, de David Giguère

Constance fait la part belle aux sonorités électros. David Giguère a toujours eu ce penchant et son réalisateur était de l’aventure de Beast. Joseph Marchand (Safia Nolin, Forêt, Ariane Moffatt, etc.) pose aussi sa guitare dans cet environnement parfois pétillant qui, musicalement, cherche à ne pas se prendre trop la tête.

« Je savais dès le début que je voulais que ce soit moins hermétique, dit David Giguère. Je voulais qu’on puisse y entrer facilement. La pop le permet. Ça, c’est le truc qui était conscient. Après, c’est juste ce qu’on avait envie de mettre dans les chansons. Comment j’avais envie de les vivre. Je voulais garder l’émotivité et l’intensité qu’il y avait à la base dans mes chansons. »

Chanson pop, Constance, David Giguère, Mo’fat

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