Les sœurs Boulay ont repris la route dans la foulée de la sortie de leur nouvel album, La mort des étoiles, et ont offert hier soir au Club Soda un spectacle décomplexé, drôle, lumineux et riche.

Deux ans après la fin abrupte de leur dernière tournée pour cause de fin de grossesse – Mélanie a depuis accouché d’un petit garçon et Stéphanie d’un album solo –, les deux sœurs sont de retour sur scène avec une joie communicative, et le désir évident de créer un spectacle à la hauteur de ce nouvel opus.

Habilement intégrées aux anciennes chansons, les nouvelles pièces occupent pratiquement la moitié du spectacle, dans lequel leur americana totalement assumé – merci à la guitare de Gabriel Gratton – rencontre le quatuor Esca sans trop d’accrocs.

Les sœurs Boulay savent créer la beauté, ça, on le sait. Dans les récentes Nous après nous et La fatigue du nombre, dans les vieilles Langue de bois et Les couteaux à beurre, toujours les mêmes harmonies brillantes, les mélodies fortes, les montées dramatiques contrôlées.

Mais elles ont aussi du chien et dégagent une force terre-à-terre qu’on a sentie plus que jamais, appuyées qu’elles étaient par le batteur ex-Malajube Francis Mineau. Le rythme entêtant, sur Chignon du cou, Cul-de-sac, Gab des Îles, Devant l’homme et le monde, Où la vague rencontre la grand’ route, menait les musiciennes, qu’elles jouent de la guitare, du clavier, du tambour ou qu’elles interprètent seulement, sur le terrain des grandes chanteuses folk d’ici et d’ailleurs.

Tout ce qui aurait pu sembler lourd dans le discours qui entoure leur nouvel album, l’écoanxiété, l’angoisse, l’après-#moiaussi, est ainsi devenu plus léger tout en restant pertinent. Pour la suite du monde, c’est ce pourquoi les deux sœurs travaillent, et en demandant aux spectateurs en début de spectacle quel était leur plus grand espoir pour l’avenir – par messagerie privée sur Instagram –, elles ont trouvé un fil conducteur intéressant et rassembleur.

« On a eu les souhaits les plus beaux et les plus bizarres, ce soir », ont-elles rigolé, en nommant quelques-uns, de la destitution de Trump au « trip à trois ».

C’est que les deux chanteuses sont drôles et sans filtre dans leurs interventions. Eh oui, on s’amuse beaucoup chez Les sœurs Boulay.

Elles peuvent parler autant de plancher pelvien que de méditation, des vidéos de leur enfance que de la manif pour le climat qui a attiré 500 000 personnes à Montréal, toujours avec naturel, autodérision et une complicité qui ne ment pas.

En fin de spectacle, devant une foule charmée, elles ont offert un Show de boucane complètement déchaîné, avant de passer à la très douce et très belle La mort des étoiles, couchées sur la scène et regardant vers le ciel.

« Si beau le monde / À la fin qui s’y attardera / Et si tout tombe / Qui d’autre se relèvera », chantent-elles, portées par les cordes déchirantes, avant d’entamer la joyeuse Je rêve, se répondant pratiquement à elles-mêmes.

Le spectacle se termine sur une note intime avec la douce Immensité, dans laquelle on retrouve à la fois leur candeur des débuts et leur gravité d’aujourd’hui. C’est là, en fait, toute leur force.