Hier au Gesù, le pianiste helvète Nik Bärtsch menait son quartette à une autre commémoration du demi-centenaire de l’étiquette allemande ECM, dans le contexte du 40e Festival international de jazz de Montréal.

Très comparable à celle d’hier, la dernière escale montréalaise de la formation suisse allemande remontait à mai 2018, cela coïncidait alors avec la sortie récente de l’album Awase, qui étoffait son excellente discographie échelonnée depuis 2001 – StoaHolonLlyriaContinuum.

Autour du compositeur et claviériste (piano et Fender Rhodes) formé au conservatoire de Zurich, rompu à la philosophie, la linguistique et la musicologie, Ronin est constitué de Sha Haslebacher (saxophone alto et clarinette basse), Thomas Jordi (basse) et Kaspar Rast (batterie).

On ne peut mieux soudée par les concepts de Nik Bärtsch, la formation Ronin se démarque totalement des autres musiques actuelles instrumentales : au confluent du jazz actuel, de la musique contemporaine de traditions européennes et américaines, elle propose un mélange inédit de souplesse et de rigueur.

Très peu d’improvisations individuelles au programme, énormément de consignes écrites, variations d’intensité, finesse des arrangements, propension au minimalisme, cette rigueur germanique parfois clinique… Si le math rock et le prog sont aussi pris en compte dans la facture stylistique globale, les mesures composées et les composantes mélodico-harmoniques conservent néanmoins une vraie sensibilité jazz.

Basse et batterie ne sont pas prisonnières de la métrique, il s’en dégage une vraie souplesse qui permet le décollage des anches et des ivoires.

Eh oui, ça groove d’aplomb !