Paul Piché, Marie-Mai, Patrice Michaud, Flavia Nascimento, Mara Tremblay et Fanny Bloom figurent parmi les têtes d’affiche du spectacle de la fête nationale à Laval. La Presse les a rencontrés en répétitions pour discuter des chansons qui, selon eux, représentent le mieux le Québec.

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

Mara Tremblay

Mara Tremblay

Gens du pays, de Gilles Vigneault

« Je suis née en 1969. J’ai marché pour le camp du Oui en 1980 quand j’avais environ 10 ans. Je suis tombée dans l’époque hyper nationaliste et je ne me suis jamais posé de questions là-dessus : le Québec est un pays et je n’ai jamais eu l’impression qu’on était autre chose qu’une entité. À mes yeux, Gens du pays n’est pas la chanson qu’on chante à l’anniversaire de quelqu’un, mais la chanson de la fête du Québec. On connaît beaucoup son refrain, mais, quand j’ai découvert les couplets et que j’ai pris conscience de la grande poésie et du grand amour pour la nature et pour l’humain que Gilles porte, ça m’a jetée à terre. À travers une chanson comme ça, on peut raconter à quel point on est beaux et grands. Gens du pays, c’est une ode à la beauté du Québec et de ses habitants. »

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

Patrice Michaud

Patrice Michaud

Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver, de Gaston Miron

« J’ai choisi une chanson que j’ai entendue pour la première fois grâce aux voix des 12 hommes rapaillés. Elle est issue d’un poème de Miron et mise en musique par Gilles Bélanger. C’est une magnifique chanson qui peut être reçue de manière nationaliste, mais aussi comme une chanson d’espérance. Miron a écrit : “Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver. Nous entrerons là où nous sommes déjà. Car il n’est pas question de laisser tomber notre espérance.” Je trouve qu’il y a beaucoup de moments dans la vie où l’on peut appliquer cela. La chanson est peu connue, mais je crois qu’elle serait magnifique en flottant au-dessus du drapeau québécois. C’est une ode, assez proche de la complainte, qui est particulièrement belle en étant meublée par plusieurs voix et peu d’instrumentation, afin de placer les mots tout en haut de l’échafaudage. »

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

Flavia Nascimento

Flavia Nascimento

Mon pays, de Gilles Vigneault

« “Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver !” Quand les Brésiliens comme moi arrivent au Québec et qu’ils entendent ça, ils se disent “merde” ! J’ai déménagé ici en juin 2001. C’était beau. Mais en écoutant la chanson, je comprenais presque seulement les mots “pays” et “hiver”. Après quelques années, je saisissais mieux les nuances de la poésie en français et j’ai pu faire un voyage par l’entremise de cette œuvre. J’ai alors compris “Ma maison, c’est votre maison” et “Les humains sont de ma race”. Ça m’a donné espoir que ma famille et moi serions des humains dans une terre à nous. Je suis chez nous maintenant. Indépendamment de mes origines, chez nous, c’est où on habite, où on élève ses enfants et où on s’enracine. Chez moi, c’est le Québec, maintenant. Ça fait presque 20 ans que j’y suis. »

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

Paul Piché

Paul Piché

Chez nous, de Daniel Boucher

« La chanson représente une affirmation de soi avec ouverture. C’est au cœur du projet de ce qu’est un Québec et ça l’a toujours été. Le fait de prendre la Saint-Jean-Baptiste pour en faire la fête nationale, alors que c’était auparavant la fête des Canadiens français, c’est une affirmation claire : on célèbre le fait français en Amérique et une ouverture aux autres. À la Saint-Jean, on fête tous ceux qui sont québécois, y compris les nouveaux arrivants. Ç’a toujours été clair dans ma tête. Vigneault l’a dit aussi en écrivant “Tous les humains sont de ma race”. Même moi, en composant Un château de sable, j’ai inclus un passage en espagnol pour qu’on comprenne qu’il n’est pas seulement question du fait français. C’est important d’accepter les différences. Et pour réussir ça, il faut accepter sa propre différence, la défendre. Sinon, tu n’accepteras pas vraiment celles des autres. »

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

Marie-Mai

Marie-Mai

Je reviendrai à Montréal, de Robert Charlebois

« Dans cette chanson, j’entends le Québec et la conviction que peu importe où on s’en va, on reviendra toujours à sa maison. Pour moi, ça représente tout ce qu’on tient pour acquis à un moment donné quand on part et que, soudainement, on s’ennuie de l’hiver, des paysages, des gens et de la beauté d’où on vient. Lorsqu’on beigne toujours dedans, on finit par s’y habituer, comme pour une bonne vieille relation. Mais quand on s’en va, on est appelé par l’amour de nos racines. J’ai chanté la chanson avec Robert Charlebois dans un medley à l’époque de Star Académie. C’est la fois où j’étais le plus impressionnée. Cette œuvre-là fait partie de mon enfance et des premières chansons qui m’ont donné envie d’écrire. Plus jeune, j’écoutais sa musique et ça me faisait vivre tellement de belles émotions qu’à un moment donné, j’ai eu envie de partager mes histoires avec des gens à mon tour. »

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

Fanny Bloom

Fanny Bloom

Mon pays, de Claude Léveillée

« Sa chanson parle de nos forêts, de notre climat et des gens qui habitent ici, sans être politique. Il y a quelque chose qui abat les frontières. Quand on enlève la politique de l’équation, ça devient plus rassembleur. On arrête de choisir un camp. On est juste des humains qui habitent un territoire. Le texte m’a happée quand j’étais vraiment jeune. Mes parents aimaient beaucoup Claude Léveillée. La chanson apparaît sur Mes années 60, l’album qui ne m’a jamais quittée depuis mon enfance. Claude Léveillée est dans mon top des auteurs-compositeurs. Si les gens ne connaissent pas cette chanson-là, il faut qu’ils la découvrent. Je vais la chanter à Laval [ce soir]. Je l’ai moi-même proposée aux organisateurs du spectacle et je suis vraiment heureuse qu’ils aient accepté ! »

La fête nationale à Laval se tient ce soir, à 21 h, au Centre de la nature.

Le site du spectacle

Le site de la fête nationale