Après plus de trois semaines dédiées à la sélection du jury, le procès entre la famille de Michael Jackson et AEG, sur l'éventuelle responsabilité du promoteur de concerts dans la mort du «roi de la pop», est entré lundi dans le vif du sujet avec l'ouverture des débats.

La plainte a été déposée par Katherine Jackson, 82 ans, et les enfants du chanteur, décédé le 25 juin 2009 à 50 ans d'une surdose de propofol, un puissant anesthésiant qu'il utilisait comme somnifère avec la complicité de son médecin Conrad Murray.

Les plaignants estiment qu'AEG, producteur de la série de 50 concerts que devait donner Michael Jackson à Londres à l'été 2009, a fait preuve de négligence en embauchant Conrad Murray pour veiller à la santé de l'artiste, et qu'il a mis ce dernier sous pression, contribuant à ruiner sa santé.

Les avocats de la famille Jackson ont été les premiers à prendre la parole, lundi matin à 10 h devant les douze jurés, pour un procès dont la couverture médiatique a été sévèrement encadrée par la juge Yvette Palazuelos.

Peu de places dévolues aux journalistes dans la petite salle du tribunal, absence de retransmission télévisée des débats, impossibilité de rendre compte des débats avant la pause-déjeuner: le procès AEG devrait s'avérer moins «feuilletonnesque» que celui du Dr Conrad Murray à l'automne 2011.

Pour preuve, les fans étaient lundi matin quasiment absents des abords de la Cour supérieure, dans le centre de Los Angeles, alors qu'ils se relayaient inlassablement lors du procès du Dr Murray.

Parmi les rares à avoir fait le déplacement, l'Italienne Sylvia Gusmani, 48 ans, est venue exprès de Milan pour tenter de décrocher l'un des rares sièges accordés chaque jour au public par tirage au sort - seulement deux lundi.

40 milliards de dollars

«Nous sommes ici car nous pensons que (Michael Jackson) a été tué», a-t-elle déclaré à l'AFP. «Conrad Murray est responsable de sa mort. Mais AEG est aussi impliqué. Nous voulons que la vérité éclate».

Katherine Jackson, vêtue en bleu comme à son habitude, a fait le déplacement, accompagnée de deux de ses enfants, Randy et Rebbie.

Les plaignants réclament à AEG quelque 40 milliards de dollars, en dédommagement des revenus qu'aurait pu engranger le chanteur de Thriller s'il était encore en vie.

AEG a qualifié un tel montant d'«absurde», rappelant que la carrière du chanteur était sur le déclin, notamment à cause de ses démêlés avec la justice et de son exil volontaire au Moyen-Orient.

Le groupe affirme en outre que la pop-star n'avait pas attendu les répétitions de ses concerts londoniens pour abuser des médicaments, et notamment du propofol, et n'a cessé de répéter qu'il n'était pas responsable de l'embauche de Conrad Murray.

Le docteur Murray a été condamné en 2011 à quatre ans de prison pour homicide involontaire, un jugement dont il vient de faire appel.

Dans une récente interview à la chaîne CNN, réalisée par téléphone depuis sa cellule, le médecin avait levé les doutes sur une éventuelle déposition au procès contre AEG: «Je n'ai pas l'intention de témoigner au procès» en raison de la «procédure d'appel en cours», avait-il dit.

Les deux enfants aînés de Michael Jackson, Paris et Prince, sont en revanche attendus à la barre des témoins.

La Cour supérieure de Los Angeles avait achevé mardi la sélection des 12 membres du jury, six femmes et six hommes, et de leurs éventuels suppléants, et donné quelques jours de repos aux parties avant l'ouverture des débats de ce procès au long cours, qui devrait durer environ trois mois.

PHOTO JOE KLAMAR, AFP

Randy et Rebbi Jackson