Un quatrième album, un nouveau batteur. Un son rock plus direct, tantôt agressif, tantôt sensible. Après 12 ans d'existence, We Are Wolves roule sa bosse avec le même mantra: «Faire ce qu'on a à faire.» Pour la sortie de La Mort Pop Club, entrevue avec Alexander Ortiz (chant, guitare), Vincent Lévesque (claviers) et Pierre-Luc Bégin (batterie).

Vincent Lévesque et Alexander Ortiz ont dû se rendre à l'évidence: après quatre albums de We Are Wolves et douze ans d'existence, le temps a passé. Pas facile de vieillir en musique. Il faut assumer son statut de «vétéran», avec un public qui nourrit des attentes.

«Tu formes un band, tu te retrouves à développer un son et, à un moment donné, ça joue contre toi, car ça te définit, indique Ortiz. Mais tu vieillis, tu changes... et c'est comme s'il fallait que tu respectes ton son, même si tu as d'autres intérêts.»

Sans subvention pour financer leur dernier album, Vincent Lévesque et Alexander Ortiz ont mis leurs frustrations de côté en se raccrochant au leitmotiv de We Are Wolves: «Faire ce qu'on a à faire.» Tout en embrassant des interrogations et des remises en question pendant la création. «Trop rock, trop pop? Pas assez We Are Wolves? Ces questions-là étaient assumées et déterminantes dans le processus», dit Alexander Ortiz.

Lancé mardi dernier, l'album La Mort Pop Club ramène la composition à son expression mélodique la plus efficace. Des hymnes «rentre-dedans» tendance cordes sensibles, pour ne pas employer le mot tabou «accrocheurs». «Cohérent, linéaire et pas éparpillé», ajoute le chanteur.

«On a toujours entretenu une relation particulière avec la musique pop, du moins avec ce que, nous, on considère comme pop, explique le claviériste Vincent Lévesque. Pop dans le sens d'attrayant tout en gardant notre personnalité... Quelque chose de pas trop sucré, avec lequel on peut vivre.»

L'expérience

Les années d'expérience invitent à la retenue, renchérit Ortiz. «Vieillir avec le band et apprendre à jouer ensemble, c'est savoir que certaines transitions permettent de faire respirer la toune au lieu de pitcher de la distorsion.»

La Mort Pop Club ne mène ni au paradis ni en enfer. C'est plutôt un purgatoire où un groupe de personnes est condamné à rester pour s'y défouler. «C'est presque prolétaire et ouvrier comme idée, précise Alexander Ortiz. La mort réunit tout le monde, c'est démocratique. Comme un club où personne ne s'en sort.»

Amis depuis leurs études en arts plastiques au cégep du Vieux Montréal, Alexander Ortiz et Vincent Lévesque mènent un projet musical parallèle avec la formation CLAASS, en collaboration avec Jordan Dare. Les goûts musicaux multiples des deux complices expliquent pourquoi une chanson douce comme Voices ressort du lot sur La Mort Pop Club. Une ballade prenante dont le riff de guitare romantico-noire est un beau clin d'oeil au new-wave.

Un nouveau batteur

We Are Wolves s'est doté d'un nouveau batteur: Pierre-Luc Bégin, anciennement du groupe Polipe, en remplacement d'Antonin Marquis. Sur scène, Bégin est un batteur comblé avec son nouveau trio. Les chansons de We Are Wolves lui permettent de laisser aller ses tripes sans se casser la tête.

«Il y a un potentiel d'abandon beaucoup plus grand par rapport aux autres bands avec qui j'ai joué», dit-il.

Au cours des prochaines semaines, We Are Wolves sera en spectacle un peu partout en province et au Cabaret du Mile-End, le 4 mai.

ÉLECTRO-ROCK

We Are Wolves, La Mort Pop Club, Dare to Care