Un an et demi après un spectacle avec Eric Clapton au Centre Bell, Jeff Beck est de retour ce soir à la salle Wilfrid-Pelletier où Montréal l'a accueilli pour la toute première fois au Festival de jazz de 2009. Le célèbre guitariste anglais répond à nos questions.

Q: Vous revenez à Montréal pour la troisième fois en deux ans. Vous avez pris goût au spectacle?

R: Mon groupe actuel est l'un des meilleurs que j'ai eus. Nos styles se complètent et chacun apporte une dimension différente au groupe. On se nourrit l'un l'autre sur scène. Il n'y a pas de rivalité entre nous et nous avons beaucoup de plaisir. Narada (Michael Walden, batteur) est une locomotive et son jeu est très énergique. Rhonda (Smith, bassiste) est une musicienne au talent incroyable qui apporte une vibration et un look différents au groupe. Le public est bouche bée quand elle joue. Jason (Rebello, claviériste) est tout simplement fantastique et je me compte chanceux d'avoir travaillé avec lui pendant des années.

Q: Récemment, en plus du jazz-rock, vous avez touché au rockabilly, au rhythm and blues et à la musique classique. Qu'allez-vous faire ensuite?

R: J'aime toujours changer de direction et étonner mes fans... Je travaille à un nouvel album qui, je l'espère, sera très surprenant.

Q: Qu'en est-il de vos retrouvailles avec Rod Stewart? Si ça se concrétisait, est-ce que ça ressemblerait au Jeff Beck Group des années 60? Et quel serait votre principal défi?

R: Nous sommes un peu dans un no man's land présentement. J'ai enregistré des trucs en studio avec mon groupe, Rod a fait de même avec ses musiciens, mais comme il vient tout juste d'entreprendre une résidence de deux ans à Las Vegas, je ne sais pas quand on va trouver le temps de travailler ensemble. Présentement, notre défi se trouve dans notre emploi du temps respectif.

Q: Imelda May, Imogen Heap, Joss Stone et Olivia Safe ont chanté avec vous ces dernières années. Qu'y a-t-il dans les voix de femmes de complémentaire à votre jeu, à votre musique? Préférez-vous les chanteuses aux chanteurs?

R: Je n'ai pas vraiment de préférence, mais j'aime les chanteurs qui ont un talent brut et unique. Pour (l'album) Emotion & Commotion, j'ai choisi trois chanteuses différentes. Imelda May a une voix pure, sans effort, et je voulais qu'on l'entende. Joss Stone est une chanteuse fantastique, un croisement entre Tina Turner et Janis Joplin; quand elle a chanté I Put a Spell On You, je savais qu'elle était l'artiste tout indiquée pour interpréter There's No Other Me qu'elle a fait sienne, et mon jeu était complémentaire. Olivia Safe a une belle voix d'opéra qui met en valeur l'orchestre et élève Elegy for Dunkirk.

Q: On a découvert la bassiste Tal Wilkenfeld dans votre groupe en 2009. Que fait-elle ces jours-ci? Parlez-nous de la Montréalaise Rhonda Smith qui l'a remplacée dans votre groupe.

R: Tal travaille à son propre album et à d'autres projets. On garde le contact. Rhonda est une artiste unique, elle joue et chante avec tellement de passion que le public réagit spontanément. J'aime profondément jouer avec elle et la regarder aller sur scène. Et quand elle est en studio, elle ajoute sa propre touche aux enregistrements et on la reconnaît tout de suite.

Q: Vous avez collaboré récemment avec Trombone Shorty. Comment c'était?

R: Quel musicien! Il est à suivre parce que c'est quelqu'un qui va aller loin dans l'univers de la musique. Il apporte une toute nouvelle dimension au trombone dont il a fait un instrument cool.

Q: Quels sont les guitaristes qui vous ont marqué?

R: Il y en a tellement mais ceux qui m'ont influencé à mes débuts sont Les Paul, Chris Gallup, Jimi Hendrix et Django Reinhardt.

Q: Y a-t-il des jeunes musiciens qui vous ont impressionné récemment?

R: Tyler Bryant, qui joue en première partie de mon spectacle, est un excellent musicien. Il m'a tellement impressionné lors de notre tournée précédente que je l'ai réinvité.

Q: Était-ce important pour vous que votre album Emotion & Commotion gagne deux prix Grammy en début d'année?

R: C'est toujours important d'être reconnu pour ce qu'on fait. D'autant que Emotion & Commotion était mon premier nouvel album en sept ans et qu'il était différent de mes albums précédents. J'ai dit que c'était mon album classique avec une touche différente. Mais en toute honnêteté, les mises en nomination avaient autant d'importance que les prix.

Q: Vous avez interprété le God Save the Queen à votre façon avant un match de football américain à Wembley l'an dernier. Avez-vous eu une pensée pour Jimi Hendrix? Comment le public sportif a-t-il réagi?

R: Bien sûr, j'ai eu mon «moment Hendrix». Debout au beau milieu du terrain avec tant de spectateurs tout autour, c'est impossible de jouer God Save the Queen à la régulière: il faut faire quelque chose de spécial pour retenir l'attention de tous ces gens. En plus, si on me demande de jouer quelque chose selon les règles, soyez assuré que je vais les enfreindre. Je pense que plusieurs sperctateurs ont été surpris, mais ça s'est bien passé.

Q: À quoi les Montréalais peuvent-ils s'attendre de vous et votre groupe cette fois?

R: On aime bien faire les choses différemment et surprendre le public.

Jeff Beck, salle Wilfrid-Pelletier, ce soir, à 19h30.