Au Québec, la musique contemporaine a atteint cette année le demi-siècle d'existence et sa principale organisation entend bien l'extirper de l'image élitiste qu'on lui affuble. Mis de l'avant chaque deux ans par la Société de musique contemporaine du Québec, le cinquième festival Montréal Nouvelles Musiques (MNM) propose une variété de concerts s'adressant à tous mélomanes ouverts à l'aventure sonore.

La temporalité de ce cinquantenaire local de la musique contemporaine a été déterminée par un événement fondateur, explique Walter Boudreau, compositeur, chef d'orchestre et directeur artistique de la Société de musique contemporaine du Québec depuis 1988.

«En 1961, un concert avait été organisé par feu le compositeur Pierre Mercure à la Comédie Canadienne (l'actuel TNM). Le gratin de la musique contemporaine de l'époque s'y était retrouvé  pendant une semaine, ça avait causé tout un émoi. Naissait plus tard la SMCQ, soit en 1966.»

On comprendra que cette commémoration soit un thème central de ce festival bisannuel qui démarre vendredi, le second étant le rapport entre la gestuelle physique et la gestuelle musicale, d'où ces nombreuses propositions incluant la danse ou le mouvement des corps - La vie qui bat (ce vendredi et ce samedi), Mon corps jamais ne s'arrêtera de danser (ce samedi et ce dimanche), Le mensonge et l'identité (lundi), Urnos (mardi, mercredi et jeudi), Songs (les 25 et 26).

«MNM, soulève Walter Boudreau, illustre clairement ma volonté de démocratisation des musiques contemporaines. Je refuse que ce festival ne s'adresse qu'aux «chosen few». Or, démocratisation ne signifie aucunement dilution, car tous les programmes suggérés sont de grande qualité. Je veux donc cet événement diversifié, du concert très pointu que l'on présente aux Suoni per il popolo à l'Orchestre symphonique de Montréal qui y jouera une oeuvre de Pierre Mercure. Le festival MNM ratisse large, le restaurant offre une grande variété de plats. Du très spécialisé au très accessible, du petit ensemble au grand ensemble.»

À titre d'exemple rassembleur, Walter Boudreau cite La République, un programme présenté par l'Ensemble de la SMCQ sous sa direction, le 24 février à la salle Pierre-Mercure.

«Le plat de résistance y sera De Staat, une oeuvre du l'Hollandais Louis Andriessen, selon moi l'un des plus grands compositeurs vivants. Ce que j'aime beaucoup de lui, c'est qu'il demeure un activiste. Un savant, un grand musicien, mais un activiste proche du monde. Qui veut s'adresser à tous sans faire dans la musiquette. Il a toujours été proche de l'esprit rock.

«Le programme de cette soirée est à l'image que je veux donner à la musique contemporaine, renchérit Boudreau. Hormis l'oeuvre D'Andriessen et Four de John Cage, nous jouerons l'oeuvre This Will Not Be Televised, de Nicole Lizée, écrite pour orchestre et DJ - P Love. Ainsi, cette compositrice est connectée aux grandeurs de l'art populaire, elle se l'approprie et le mène ailleurs. Quant à Figuralmusik II, l'oeuvre Javier Torres Maldonado, c'est plus discret. Contemplative, cette musique sent la mangue, l'océan,  les tropiques...  Très différente du bulldozer que nous propose Andriessen. La musique de ce dernier, c'est comme un trip d'acide: ça ne s'arrête que lorsque le buzz est fini.»

Contre-culture un jour, contre-culture toujours!

______________________________________________________________________________

Le festival Montréal Nouvelles Musiques démarre ce vendredi et se déroulera jusqu'au samedi 26 février. Pour infos: https://www.festivalmnm.ca/fr/2011/