Pour des millions de fans, Elvis Presley, né un 8 janvier il y a 75 ans, est toujours vivant et l'anniversaire du roi du rock'n'roll sera dignement célébré vendredi dans le monde entier, comme s'il n'était pas mort à l'âge de 42 ans.

«Elvis continue à être populaire dans le monde entier et les fans ont tendance à venir fêter ses anniversaires tous les cinq ans», confie le porte-parole de sa propriété de Graceland qui va accueillir de nombreuses festivités.

Son ex-femme Priscilla et sa fille unique Lisa Marie Presley découperont le gâteau d'anniversaire sur la pelouse de la propriété, classée monument historique depuis 2006 et qui reçoit chaque année 600 000 visiteurs.

À Memphis, le 8 janvier 2010 a été déclaré «Journée Elvis Presley» et une foule de concerts et d'expositions sont prévus. Des manifestations sont aussi programmées par les fan-clubs de Tokyo, Londres ou Paris.

«Elvis est une des rares personnes à avoir su abattre les frontières culturelles», affirme Howard Kramer, commissaire d'une exposition en l'honneur du «King» au «Rock and Roll Hall of Fame» de Cleveland.

Trente-deux ans après sa mort - terrassé par une crise cardiaque dans sa salle de bains -, Elvis, né Aaron Elvis Presley, «est encore une importante figure culturelle», affirme Erika Doss, professeur d'études américaines à l'Université Notre-Dame, en Indiana.

Même s'il n'a pas été le premier à conjuguer le blues, la musique noire américaine inspirée de l'esclavage et la musique country, apanage des Blancs, Elvis a donné son élan au rock avec son tube de 1956 Heartbreak Hotel. D'une beauté physique et d'un charisme irrésistibles, fameux pour son déhanchement suggestif qui lui a valu le surnom d'«Elvis the pelvis», le chanteur a entraîné avec lui une génération d'après-guerre qui voulait briser le corset des conventions.

«Il était incroyablement beau et il a délibérément bousculé les tabous sexuels des années 1950. Il était attirant pour les femmes comme pour les hommes», affirme Erika Doss, auteur du livre Elvis Culture: Fans, Faith, and Image.

En l'honneur de ses 75 ans, sa propriété accueille une exposition sur ses débuts. À Washington, plusieurs expositions célèbrent l'influence du King à la National Portrait Gallery à partir de vendredi et au Newseum, le musée de la presse, en mars.

À Memphis, des pâtissiers de l'historique hôtel Peabody vont même servir un gâteau d'anniversaire fait de beurre de cacahuètes et de rondelles de bananes rappelant le sandwich préféré du King.

Né le 8 janvier 1935 à Tupelo, au Mississippi, dans un milieu modeste, Elvis est entré dans la légende comme le pauvre qui a réussi, le Blanc qui chantait comme un Noir, le sex-symbol proche de sa mère, le rebelle patriote.

Avec Michael Jackson, autre icône mondiale de la pop, décédé en 2009, Elvis est l'artiste qui a vendu le plus de disques (près d'un milliard). Il a joué dans une trentaine de films.

«Il est tellement au centre de notre vocabulaire musical, il est dans l'ADN de notre musique», résume Jeff Melnick, professeur d'études américaines à l'université Babson au Massachusetts.

L'aura du King n'est pas due, selon ce professeur, à sa mort prématurée: à la fin de sa vie l'artiste luttait contre l'embonpoint, l'accoutumance aux médicaments et la dépression. «Mais ce qui reste sont ces incroyables enregistrements d'un type jeune, incroyablement athlétique et sexy qui faisait des choses que personne n'avait jamais osé faire avant», ajoute ce professeur. «Il était très bon, c'est tout».