La nouvelle production de Carmen du Metropolitan Opera, à laquelle participe Yannick Nézet-Séguin, sera diffusée en HD partout dans le monde le 16 janvier.

Au Québec, on pourra voir cet opéra ce samedi-là à 13 h dans plusieurs salles de cinéma, dont une demi-douzaine dans la région de Montréal. C'est l'une des raisons qui font en sorte que les vedettes de l'opéra tiennent à chanter au Met, affirme Peter Gelb: «Elles adorent l'idée de ces diffusions en HD qui les exposent à un public global; aucune autre compagnie d'opéra ne peut leur offrir cela.»

La rupture de carmen et Don José

La soprano Angela Gheorghiu devait jouer Carmen pour la première fois sur scène dans la nouvelle production du Met, mais elle s'est désistée l'été dernier parce qu'elle est en procédure de divorce avec le ténor Roberto Alagna, qui incarne Don José dans la même production. Pour la remplacer, on a fait appel à la mezzo-soprano lettone Elina Garanca, très convaincante dans le rôle. «Nous avons été chanceux parce qu'Elina devait chanter dans Les contes d'Hoffman qui a été créée un peu plus tôt en décembre, explique Peter Gelb. Elle a donc changé de production. C'est l'avantage d'avoir un théâtre de répertoire où chantent la plupart des grandes vedettes.» Angela Gheorghiu incarnera Carmen dans les deux dernières représentations au printemps en compagnie d'un autre Don José. Yannick Nézet-Séguin dirigera l'orchestre du Met dans les six premières représentations de Carmen et sera remplacé par la suite par le chef français Alain Altinoglu.

Collusion à l'opéra?

Dans un article publié l'automne dernier, Le Figaro nous a appris que les 15 plus grandes voix de l'opéra mondial touchent sensiblement le même cachet partout dans le monde: environ 15 000 euros par représentation. Le directeur général du Met, Peter Gelb, y a même été cité: «Entre directeurs, on se téléphone en permanence.» Interrogé par La Presse, Gelb apporte une nuance. «En fait, ce n'est pas tout à fait vrai. Je sais combien les chanteurs touchent dans d'autres pays, mais je ne m'assois pas avec d'autres directeurs pour en discuter, ça ne serait pas très intéressant, dit-il en riant. Les cachets versés par les principales maisons d'opéra sont généralement inférieurs à ceux payés par les compagnies secondaires qui doivent payer plus cher justement parce qu'elles ont plus de difficulté à attirer les grandes vedettes. Je ne connais pas beaucoup de grands chanteurs d'opéra qui ne veulent pas chanter au Met.»

Et le Métropolitain?

Même s'il est sollicité de toutes parts, Yannick Nézet-Séguin n'a pas l'intention d'abandonner l'Orchestre métropolitain qu'il dirige depuis 10 ans. « On est en train de renouveler mon contrat pour cinq ans, dit-il. Le Métropolitain, c'est une saison relativement petite, huit concerts. Depuis quelque temps, j'en fais six. Passer cinq ou six semaines à Montréal avec l'orchestre avec lequel j'ai grandi et qui continue de grandir, je me rends compte que c'est essentiel à mon bien-être. Si je partais, ça me donnerait six autres semaines ailleurs, mais je ne serais plus à Montréal. Je ne peux même pas le concevoir. »

La filière québécoise

En plus du chef Yannick Nézet-Séguin, le Metropolitan Opera a retenu les services de deux metteurs en scène québécois: François Girard et Robert Lepage. Girard prépare une nouvelle production de Parsifal, le dernier opéra de Wagner, tandis que Lepage, après y avoir monté La damnation de Faust de Berlioz en 2008, s'attaque à la monumentale Tétralogie (Der Ring des Nibelungen, communément appelée Le Ring) du même Wagner, dont le premier des quatre opéras, Das Rheingold, ouvrira la saison 2010-2011 du Met en septembre prochain. Suivront dans la même saison Die Walküre puis, en 2011-2012, Siegfried et Götterdämmerung. Le cycle complet sera présenté au printemps 2012. «Mon critère pour choisir un metteur en scène est son habileté à raconter une histoire et Robert a une imagination renversante, explique le directeur général Peter Gelb. Son Ring va repousser les limites des possibilités du Met, avec une scène caméléon qui va servir aux quatre opéras.» En plus du Ring, Gelb mentionne que le Met a au moins deux autres projets avec Lepage.