L'opéra de Gilles Tremblay - son premier - devait s'intituler L'oiseau qui dit la vérité. Tout simplement. C'est le titre bref mais combien poétique que j'avais recueilli de la bouche même du compositeur, il y a de cela quelques années.

Ce titre, Tremblay l'a considérablement allongé depuis, ouvrant par le fait même la porte à de multiples interprétations. Qu'est-ce que c'est que «l'eau qui danse» ? Qu'est-ce que c'est que «la pomme qui chante» ?

 

Le spectacle est très long. On y entre à 20 h, on en sort un peu avant 23 h. Selon l'information provenant de Chants Libres, producteur de l'oeuvre nouvelle, celle-ci raconte comment - et je cite - «l'amour eut à traverser trois grandes épreuves (les trois éléments du titre) pour que deux êtres se reconnaissent eux-mêmes l'un à l'autre».

Je laisse à de plus patients que moi le soin de démêler le scénario prétentieux, emberlificoté et interminable qui nous est proposé et retiens principalement un seul aspect de l'événement: le côté visuel.

Le spectacle comme tel est magnifique: effets scéniques de toutes sortes, projections suggérant divers lieux, éclairages ingénieux et parfois dirigés vers la salle, jeux d'ombres, costumes extravagants et luxueux.

Le comédien Jean Maheux raconte l'histoire en parlé ou en presque chanté et les personnages, une douzaine en tout, sont presque tous d'un haut niveau comme chanteurs et comme comédiens. Mention spéciale à Marie-Annick Béliveau, Marianne Lambert, Claudine Ledoux, Anne Saint-Denis et Taras Kulish.

Hélas! le texte est souvent incompréhensible parce que placé trop haut dans la tessiture. Ou bien il est déformé d'une façon exagérée et sans raison. Exemple: «J'ai dit-i-i-i-i-i-i-.» En revanche, il y a là quelques trouvailles, comme ces gémissements d'une chanteuse qui se prolongent, inchangés, dans l'orchestre.

Ici, autre mention spéciale, cette fois à Lorraine Vaillancourt et son Nouvel Ensemble Moderne augmenté à 25 musiciens (dont quelques-uns sur scène). La partie orchestrale du nouvel opéra est extrêmement colorée. Du Tremblay à son meilleur. Malade, le compositeur était présent à la première, jeudi soir, mais on ne l'a pas vu.

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L'eau qui danse, la pomme qui chante et l'oiseau qui dit la vérité, opéra-féerie en trois parties, livret de Pierre Morency, musique de Gilles Tremblay (2009) (création). Production: Chants Libres. Mise en scène: Robert Bellefeuille. Décors: Jean Bard. Costumes: Marianne Thériault. Maquillages: Angelo Barsetti. Éclairages: Nicolas Descoteaux. Vidéo: Geodezik. Nouvel Ensemble Moderne. Dir. Lorraine Vaillancourt. Monument-National. Première jeudi soir. Dernière auj., 20h.