Un élément de première importance, source de dissension, brouille l'enquête sur les circonstances de la mort de Michael Jackson. À quel moment exactement le Dr Conrad Murray s'est-il rendu compte que son client avait cessé de respirer? Près d'une heure de décalage sépare actuellement les versions de la police et du médecin sur ce moment-clef.

Selon des documents des forces de police, le Dr Murray a déclaré aux enquêteurs qu'il avait passé la matinée du 25 juin à administrer différents sédatifs à Michael Jackson pour l'aider à trouver le sommeil, avant d'accéder à sa demande de recevoir une dose de propofol, un puissant anesthésique habituellement réservé à l'univers hospitalier, aux alentours de 10 h 40.

Après s'être brièvement rendu dans la salle de bains, le Dr Murray a expliqué avoir découvert vers 11 h locales que le chanteur ne respirait pas, peut-on lire dans ces documents. Il aurait tenté de lui donner un médicament d'urgence et de pratiquer une réanimation cardio-pulmonaire. Puis près de 90 minutes se seraient écoulées - le médecin consacrant la majeure partie de ce temps à passer des coups de fil qui n'étaient pas destinés aux urgences - avant qu'une ambulance soit appelée à 12 h 21 à la résidence que la star âgée de 50 ans louait à Los Angeles.

Une version que conteste sur un point Edward Chernoff, l'avocat du Dr Murray, au centre d'une enquête pour homicide involontaire depuis le décès de la star. Le médecin n'a découvert selon lui qu'aux alentours de midi que le chanteur ne respirait pas. D'après l'avocat, qui était présent lorsque les enquêteurs ont passé trois heures à interroger son client le 27 juin, le Dr Murray n'a jamais dit à la police que la découverte remontait aux alentours des 11 h, mais qu'elle datait plutôt de midi. Les policiers «confondent le moment où Michael Jackson est allé dormir avec le moment où il a cessé de respirer», a expliqué Me Chernoff sans fournir d'autres détails sur le récit du Dr Murray à la police.

Même si le Dr Murray n'a découvert Michael Jackson qu'aux alentours de midi, il a attendu encore trop longtemps pour appeler une ambulance, observe un spécialiste médical, ajoutant que la priorité de toute personne - y compris d'un médecin - devrait consister à appeler une ambulance. «Dans une situation comme celle-ci, le temps, c'est la vie», rappelle le Dr Douglas Zipes de l'Université de l'Indiana, ancien président de l'American College of Cardiology. «Cela doit être immédiat, ou alors vous perdez l'individu.»

Des analyses des services médico-légaux ont montré que c'est un mélange de propofol et de deux sédatifs, le lorazepam et le midazolam, qui a tué le chanteur le 25 juin, a appris l'Associated Press lundi soir de source judiciaire.

Selon des registres téléphoniques, le médecin personnel du chanteur a passé 47 minutes entre 11 h 18 et 12 h 05 au téléphone, le temps de trois appels personnels, dont un à ses propres bureaux, a précisé Me Chernoff, affirmant que son client n'avait jamais parlé de ces appels aux enquêteurs dans la mesure où rien ne lui avait été demandé à ce sujet.

À 12 h 13, le Dr Murray a passé un appel de quatre secondes à l'assistant personnel du chanteur, Michael Amir Williams, pour demander de l'aide, selon Carl Douglas, l'avocat de M. Williams. Dans les deux minutes, Michael Amir Williams a appelé Alberto Alvarez, le garde du corps de Jackson, l'implorant de la même façon.

Me Douglas, qui représente aussi M. Alvarez, a expliqué que ce dernier s'était rué à l'étage où le Dr Murray se trouvait, pour l'assister alors qu'il tentait de ranimer la star. C'est Alberto Alvarez qui a composé le 911, le numéro des urgences, à 12 h 21. Selon l'avocat, son client aurait pu apporter certains éclairages à la police sur les actes de Murray, mais deux mois après la mort du chanteur, les enquêteurs ne l'ont toujours pas formellement interrogé; ils ne lui ont parlé que fugitivement à l'hôpital aussitôt après le décès du chanteur prononcé.