Le gouvernement Trudeau n'entend pas mettre en oeuvre un « plan de sauvetage » pour les médias d'information du pays. « Notre approche, c'est d'appuyer la transition numérique. Nous ne voulons pas soutenir des modèles d'affaires qui sont déficitaires », a dit la ministre du Patrimoine canadien Mélanie Joly, en entrevue à La Presse.

Dans le cadre des consultations menées par Ottawa, une coalition de 800 journaux a demandé une aide annuelle de 350 millions au gouvernement Trudeau, dont 175 millions pour un fonds visant à payer 35 % des salaires des journalistes. 

Cette proposition de payer une partie des dépenses journalistiques a été écartée par Ottawa. « On ne va pas sauver des entreprises qui ont un modèle d'affaires qui n'est pas soutenable. Ce qu'on a à faire, c'est de soutenir la transition vers le numérique et l'innovation », a indiqué la ministre Joly à propos de cette demande des médias d'information d'assumer environ 35 % des dépenses journalistiques.

Aujourd'hui, la ministre Joly annoncera plutôt un partenariat entre Facebook et l'Université Ryerson, en Ontario, pour créer le premier incubateur de nouvelles numériques au pays. Google doit aussi s'engager à favoriser les abonnements numériques des médias canadiens.

Outre une mesure mineure qui concerne les magazines et journaux communautaires, le gouvernement Trudeau n'annoncera pas aujourd'hui de mesures pour aider les médias d'information. Il poursuivra les discussions avec l'industrie des médias, possiblement en vue du prochain budget fédéral. Mais la ministre Joly annonce toutefois ses couleurs : toute aide fédérale sera centrée sur le contenu local, la transition vers le numérique et respectera le principe d'indépendance journalistique. 

« On veut s'assurer de soutenir le journalisme, mais en même temps, de respecter l'interdépendance journalistique. [...] On est comme à mi-parcours, [...] il va y avoir beaucoup d'autres nouvelles, parce que le travail se continue. »

Ottawa modifiera la formule de calcul du Fonds du Canada pour les périodiques, un fonds de 75 millions par an qui distribue de l'argent aux magazines, périodiques et journaux communautaires du pays. La nouvelle formule de calcul tiendra compte des exemplaires numériques, en plus des exemplaires papier.

Plus de contenu canadien

Le gouvernement Trudeau entend aussi modifier le mandat de Radio-Canada afin que le radiodiffuseur public diffuse davantage de contenu canadien sur ses plateformes numériques. La ministre Joly estime que Radio-Canada doit « aussi participer au développement de la marque Canada ici, mais partout à travers le monde ».

« On veut renforcer le mandat de Radio-Canada, a précisé la ministre Joly. Pour nous, Radio-Canada devient la plateforme pour soutenir et promouvoir le contenu canadien au pays et partout à travers le monde. C'est sûr qu'il y a des grilles à la télé et à la radio, mais dans un contexte de plateformes numériques, Radio-Canada peut soutenir des films comme elle le fait rarement, des documentaires, des émissions pour enfants. L'espace pour le contenu devient illimité. C'est pour ça qu'on veut renforcer le mandat de Radio-Canada à ce sujet-là. »

Durant les consultations tenues par le gouvernement Trudeau, Radio-Canada avait proposé d'éliminer sa publicité sur ses chaînes de télé et sur ses sites web (il n'y a déjà pas de publicité à la radio) - ce qui aurait coûté 318 millions par an. 

Ottawa n'a pas retenu cette option et ne semble pas avoir d'intérêt pour cette idée dans l'avenir. « Ce que j'ai annoncé, c'est qu'on allait renforcer notre radiodiffuseur public, qu'on allait s'assurer de mettre l'accent sur les nouvelles locales, le contenu canadien et la transition vers le numérique », a simplement réagi la ministre Joly. 

Le processus de révision du mandat de Radio-Canada se fera à l'intérieur de la révision de la Loi sur la radiodiffusion.