Revenant sur la grève qui a secoué le Québec pendant le printemps érable, Gabriel Nadeau-Dubois conclut que les relations souvent orageuses entre les étudiants et les médias s'expliquent en grande partie par une mauvaise compréhension des réalités de chacun.

L'ex-leader de la CLASSE était invité aujourd'hui à Saint-Sauveur au congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec au cours duquel les gens du métier font leur examen de conscience annuel. 

Avons-nous bien couvert le conflit étudiant? À cela, Gabriel Nadeau-Dubois répond en entrevue que les journalistes ont mal saisi le mode de fonctionnement de son organisation, qui était en rupture d'un point de vue démocratique avec ce qui se fait habituellement. 

Cela s'est répercuté sur lui dans la mesure où les médias l'ont identifié comme le chef de son groupe au sens traditionnel des choses alors qu'il n'en était que le porte-parole, le porte-voix des revendications de ses troupes. «On m'a attribué la responsabilité de beaucoup de choses dont je n'étais pas responsable, dit-il en entrevue. Et quand je le rappelais, on m'accusait de refuser mes responsabilités. On disait que c'était une façon pour moi de me défiler.»

De l'autre côté du miroir, les étudiants, qui ont été quelques-uns à s'en prendre physiquement à des reporters pendant le conflit, n'ont pas compris une dimension fondamentale de la presse écrite, à savoir le mur étanche qui sépare la page éditoriale du journal - celle où les éditorialistes signent un texte d'opinion reproduisant théoriquement l'opinion du propriétaire - et les pages d'information du journal où l'objectivité la plus totale est recherchée. 

À la décharge des étudiants, Gabriel Nadeau-Dubois relève que cette distinction est très mal connue des citoyens en général. Il ajoute aussi que la méfiance dont ont fait montre les étudiants reflète également la méfiance grandissante de la population envers les journalistes. 

Le congrès des journalistes, qui se tient toute la fin de semaine, se penche aussi sur les jours difficiles que vit Radio-Canada et pose la question sans détour: cette institution est-elle en train de s'éteindre à petit feu?

Maka Kotto, ministre de la Culture du Québec et Pierre Duchesne, ministre de l'Enseignement supérieur ont été invités au congrès. Pierre Duchesne a pour sa part participé à un atelier qui mettait en vedette des journalistes ayant délaissé le métier pour se lancer en politique.