Vous aimez les séances de twivage durant Tout le monde en parle, Les enfants de la télé ou Fidèles au poste?

Ces moments où vous regardez l'émission d'un oeil pendant que de l'autre vous surveillez votre fil twitter sur votre ordinateur, votre tablette numérique ou votre téléphone intelligent? C'est ce qu'on appelle aujourd'hui la télé sociale (social tv) et c'est un concept qui obsède bien des acteurs du monde de la télévision.

En effet, ils cherchent à attirer et garder leur auditoire devant leur écran de télé en temps réel. Le twivage, à leurs yeux, est un excellent appât. Plusieurs émissions de télévision ont désormais leur «communauté» où les fans peuvent échanger sur le dernier épisode, les personnages ou le scénario.

Lors de certaines émissions comme America's Got Talent ou X Factor, leur présence est d'autant plus pertinente que c'est le vote du public qui détermine les gagnants. Tout ce bruit durant la diffusion d'une émission semble plaire aux diffuseurs et aux producteurs, mais la télévision sociale telle qu'on la connaît aujourd'hui a aussi ses critiques.

C'est le cas de la chercheuse Marie-José Montpetit, qui estime que la télévision sociale est davantage qu'une séance de jasette en regardant une émission de télé, et que Twitter nuit, en quelque sorte, à l'évolution du concept.

«Quand j'étais jeune et que mon père regardait le hockey, on ne pouvait pas lui parler pendant le match, il fallait attendre entre les périodes. Qui veut tweeter pendant Downton Abbey ou Glee? Personne. Par contre, quand l'émission est terminée, les couches qu'on peut ajouter à une émission deviennent intéressantes.»

Invitée à prononcer une conférence dans le cadre de la journée Montréal Web Video présentée dans le cadre de l'événement Connect 2012 la semaine dernière, Mme Montpetit, une diplômée de l'École Polytechnique qui enseigne aujourd'hui au Laboratoire de recherche en électronique du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), a donné un aperçu des applications dites «sociales» qui pourraient faire leur apparition sur le marché au cours des prochaines années.

«Que veut dire le mot ''social'' dans l'expression social TV? demande la chercheuse. C'est la possibilité de donner un sens, une signification à la convergence et à la connexion que nous permettent la télévision et le web aujourd'hui. C'est donc beaucoup plus que d'échanger des commentaires sur Twitter.»

Pour illustrer son propos, la professeure du MIT a énuméré quelques-uns des projets soumis par ses étudiants - futurs ingénieurs, MBA, journalistes - au cours des derniers mois. Par exemple, une application qui permettrait de vérifier les affirmations faites dans les publicités électorales aux États-Unis en les croisant avec des informations du site PolitiFact.com.

Une autre application conçue par les étudiants de Mme Montpetit, si elle est commercialisée, permettrait d'obtenir des informations sur la tenue vestimentaire d'une animatrice télé (disons Véronique Cloutier aux Enfants de la télé, par exemple, toujours superbement vêtue), et sur d'autres vêtements issus de la même boutique. Le téléspectateur pourrait acheter la tenue de son choix.

Une application, basée sur le crowdsourcing cette fois, permettrait pour sa part de recueillir des images prises sur le terrain pendant un événement particulier (disons le printemps arabe). Plutôt que d'être affichées sans aucune discrimination comme sur le site iReport de CNN, les photos seraient triées (processus de curation) et l'application rendrait possible une sorte de vente aux enchères permettant au photographe amateur de vendre sa photo à une organisation médiatique pour quelques dollars. Les étudiants qui ont conçu cette application, et qui ont reçu l'aide financière d'une fondation en journalisme ont depuis fondé une start-up pour la commercialiser.

Enfin, Mme Montpetit semblait également emballée par un projet qui permettait d'identifier sur une mappemonde les points chauds dans le monde et de communiquer avec ses contacts afin qu'ils partagent leur expérience personnelle sur un événement en particulier. Une sorte de reportage international plus personnalisé.

Bref, tous ces exemples nous montrent que la télé sociale (et par le fait même les médias sociaux) n'en sont qu'à leurs balbutiements. Et ce qui s'en vient s'avère très, très intéressant.