Ce roman d’un jeune auteur d’origine italienne, installé au Québec, vogue entre passé et présent, entre la Belle Province et Turin, où une bande de jeunes trentenaires réinventent le monde dans le bar de leur ami.

Dans son présent montréalais, 10 ans plus tard, la narratrice évoque avec ce même ami leur vie d’avant, ces années où elle a vécu une relation amoureuse tumultueuse avec une femme rencontrée dans ce fameux Bar Italia où ils passaient toutes leurs journées. Tous deux boivent à l’excès pour fuir leurs souvenirs italiens et échapper à cette nostalgie débordante pour ce qu’ils appellent « un monde perdu ». Au travers de cette succession d’allers-retours ponctués de poèmes (l’auteur a d’ailleurs signé quelques recueils de poésie, en italien et en français), on découvre peu à peu comment – et pourquoi – leur groupe s’est dissous et ils ont préféré émigrer plutôt que demeurer dans la ville où ils ont vécu leurs plus belles années. Comme dans un mirage, on se laisse porter par la plume de ce disciple d’Alain Beaulieu et de Fanie Demeule qui finira par nous jouer un habile tour de passe-passe littéraire. Mais avant cette surprise qui donnera envie de retourner au début pour relire les quelque 200 premières pages et découvrir comment il s’y est pris, on aura erré avec délectation dans les rues de Turin et de Montréal, sur le nuage d’un voyage fait de Campari et de tramezzini.

Bar Italia 90

Bar Italia 90

Tête première

336 pages

7/10