Cinquante ans de vie de couple comprimés dans moins de 100 pages. C’est le tour de force que réussit François Bégaudeau dans L’amour, roman en lice pour le prix Renaudot. Le nom de l’auteur vous dit peut-être quelque chose ? Il est l’auteur d’Entre les murs, l’histoire d’un enseignant dans un collège à problèmes du 20e arrondissement de Paris. Le roman est devenu un film qui a remporté la Palme d’or à Cannes en 2008, en plus de représenter la France aux Oscars la même année.

On pourrait résumer L’amour en disant que c’est l’histoire d’un couple sans histoire. On est dans une petite ville de l’ouest de la France. Jacques et Jeanne sont deux jeunes issus de milieux modestes : elle fait des ménages, il travaille avec son père. Leur rencontre n’est pas extraordinaire, leur relation non plus. C’est un quotidien sans éclat et sans grand drame : un mariage, un enfant, les jours qui se suivent et se ressemblent, quelques voyages. Une vie routinière comme tant d’autres. Est-ce que c’est une bonne matière pour un roman ? Étonnamment, oui. Bégaudeau, qui a été accusé de condescendance par un critique du magazine Les Inrocks, évoque la vie de Jacques et Jeanne avec tendresse et mélancolie.

Oui, on est loin des romans sur le couple après #metoo. On est loin de la passion dévorante et des relations amoureuses compliquées. On est chez papi et mamie et ça sent la Vieille France. Ça pourrait être très ennuyant, mais c’est assez émouvant. Comme une carte postale sépia qu’on retrouverait dans une vieille boîte à chaussures dans la maison de nos parents.

L’amour

L’amour

Verticales

96 pages

8/10