Comment réparer ses torts face à un demi-frère « éludé » pendant 30 ans, quand on s’appelle Alexandre Jardin ? On lui élève une sépulture de papier.

« Chez nous, on ne s’aménage un repos éternel que dans un livre », écrit-il dans son nouveau titre. Emmanuel, c’est son frère aîné qui s’est suicidé en 1993 et à qui il s’est efforcé de ne plus repenser, au point d’escamoter cette date de sa mémoire.

Puis, à la suite de ce qu’il appelle une épidémie de décès autour de lui, l’écrivain en est venu à la réalisation qu’il ne pouvait plus effacer tous ces morts. Il s’attelle donc à revenir sur ces moments partagés avec celui qu’il considère comme son « anti-moi », sur leur relation en montagnes russes qui ne lui a laissé que des regrets, sur la fougue de ce jeune homme qu’il décrit comme furieusement libre et terriblement poète.

À travers ces souvenirs romancés où il se place constamment au cœur du récit, il ne lui rend pas tout à fait hommage, concluant même ces épanchements intimes avec un aparté sur sa fraternité « réussie » avec son frère cadet Frédéric.

En revanche, il nous offre une nouvelle incursion au cœur de l’imaginaire jardinesque en ajoutant une pierre de plus à l’univers familial débridé des Jardin.

Frères

Frères

Albin Michel

176 pages

6,5/10