La militante autochtone, animatrice et réalisatrice Melissa Mollen Dupuis, dont le premier livre pour enfants vient de paraître, est l’une des invitées du quatrième Festival de littérature jeunesse de Montréal, qui a lieu dimanche. Pour créer Nutshimit : un bain de forêt, l’autrice a fait équipe avec l’illustratrice Elise Gravel.

D’Hansel et Gretel au Petit Chaperon rouge en passant par Le Petit Poucet, de nombreux contes représentent la forêt comme un lieu inquiétant où se terrent les sorcières, les ogres et les loups. « Dans [ces] histoires, la forêt, c’est dangereux », illustre Melissa Mollen Dupuis, connue notamment pour son rôle dans le mouvement Idle No More. Une vision tout à fait contraire à celle des communautés autochtones nord-américaines, souligne l’autrice innue.

Dans nos légendes, la forêt, ça a toujours été l’endroit où tu vas pour te sentir bien. C’est là que tu vas pour te nourrir. C’est là que la culture existe.

Melissa Mollen Dupuis

C’est cette représentation que Melissa Mollen Dupuis et Elise Gravel mettent de l’avant dans leur livre qui invite les enfants (et leurs parents) à prendre un « bain de forêt ». Pas question ici de se savonner en nature ou de s’asseoir dans une baignoire au clair de lune, rassurez-vous. « Un bain de forêt, c’est juste d’exister dans la forêt », résume celle qui est responsable de la campagne boréale à la Fondation David-Suzuki.

Cette description n’englobe toutefois pas tous les aspects abordés dans Nutshimit, croit Elise Gravel. « Ce que tu apportes dans le livre, c’est communiquer avec la forêt, l’écouter, la sentir, la toucher, la goûter et aussi lui redonner », soulève-t-elle, en s’adressant à sa collègue.

Savoirs autochtones

Au fil des pages, Melissa Mollen Dupuis fait découvrir aux lecteurs les arbres et les animaux habitant notre territoire, en plus de transmettre différents savoirs autochtones. Confectionner un cornet d’écorce de bouleau ou préparer une pâte de bleuets nommée pashimineu sont deux exemples. « Les recettes et les trucs tactiles dont on parle, je trouve que ce sont des aspects du livre qui vont permettre une connexion encore plus grande entre les enfants et la nature », croit Elise Gravel. Elle donne l’exemple de son neveu qui, dès qu’il a refermé le bouquin, a voulu faire du mordillage, c’est-à-dire des dessins avec ses dents dans de l’écorce de bouleau.

Les spectateurs qui assisteront à l’atelier de Melissa Mollen Dupuis au Festival de littérature jeunesse de Montréal dimanche pourront peut-être faire de même. « Dans mes ateliers, j’ai toujours plein d’objets à faire toucher aux enfants pour leur montrer ce qu’ils voient dans le livre. »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Elise Gravel

« La nature est partout »

Elise Gravel et Melissa Mollen Dupuis espèrent donner l’envie aux familles de reconnecter avec la nature. Et pour ce faire, pas besoin de se retrouver dans une grande forêt des Laurentides. « La nature est partout », insiste l’autrice. « Dans nos maisons, dans les parcs, dans les ruelles, dans les fissures des trottoirs », écrit-elle d’ailleurs dans le livre dont le titre signifie « en arrière dans les terres ».

Elise Gravel croit que le livre permettra autant aux parents qu’aux enfants d’apprendre de nouvelles choses. Elle-même a vu sa vision changer à travers le processus de création.

« Dans notre culture allochtone, on tient vraiment la nature pour acquise. On ne la remercie pas », souligne l’illustratrice. Inspirée par les habitudes de sa collègue, elle éprouve de la reconnaissance aujourd’hui quand elle cueille des champignons ou du foin d’odeur.

Un sentiment de gratitude que les enfants semblent d’ailleurs avoir naturellement. « Quand ils trouvent une cocotte, c’est un trésor. Ils sont super excités. Ils ne tiennent pas ça pour acquis, fait-elle valoir. Le livre va non seulement permettre aux enfants de conserver cette gratitude-là, mais va peut-être permettre à certains adultes de la retrouver aussi. »

Le Festival de littérature jeunesse de Montréal se déroule le dimanche 13 août, au parc Noël-Spinelli, dans l’arrondissement de Lachine.

Consultez le site du festival
Nutshimit : un bain de forêt

Nutshimit : un bain de forêt

Éditions Scholastic

Dès 6 ans

À découvrir au Festival de littérature jeunesse de Montréal

Improvisation avec Simon Boulerice

Porte-parole de l’évènement une fois de plus, Simon Boulerice montera sur la grande scène. « Il va se mettre en danger parce que toute l’activité va être improvisée », explique Noémie Philibert-Brunet, co-organisatrice du festival. À partir de la musique jouée par la clarinettiste Solène Selva-Rivero, le prolifique auteur inventera une histoire avec l’aide du public.

Du livre à l’écran

Parmi les activités qui devraient plaire aux adolescents, on compte une discussion avec trois jeunes acteurs. Liliane Skelly, du long métrage Cœur de slush, Loïc Bouffard, de la série Défense d’entrer !, et Rahaf Ataya, du film Dounia et la princesse d’Alep, parleront du défi d’interpréter à l’écran un personnage tiré d’une œuvre littéraire.

Zone BD

Une toute nouvelle zone destinée à la bande dessinée et au manga sera inaugurée grâce à un partenariat avec le Festival BD de Montréal. « Il y aura à la fois des ateliers libres toute la journée et quelques activités ponctuelles, notamment avec Julien Paré-Sorel, auteur d’Aventurosaure », détaille Noémie Philibert-Brunet.

Place à la culture autochtone

Le festival fait une belle place à la culture autochtone cette année. En plus de Melissa Mollen Dupuis, Jay Odjick et Barbara Kaneratonni Diabo seront de l’évènement. Connu pour ses illustrations du livre de Robert Munsch Un ours pour déjeuner, le premier donnera un atelier de dessins alors que la seconde offrira une démonstration de danse traditionnelle.