En marge de sa carrière de juriste, Bernhard Schlink a façonné une œuvre romanesque qui trace peu à peu une fresque complexe des nœuds historiques et sociologiques de l’Allemagne moderne. En filigrane s’impose également une réflexion obstinée sur la décevante évolution des hommes face aux femmes.

Son dernier livre, La petite-fille, confirme son importance. On y suit un libraire veuf qui découvre que sa compagne, Est-Allemande passée à l’Ouest pendant la guerre froide, avait une fille qui s’est rebellée contre son père haut fonctionnaire communiste, puis a adhéré à l’extrême droite après la réunification de l’Allemagne. Cette enfant secrète a maintenant une fille adolescente, que le héros tente de rééduquer.

La petite-fille est un écho puissant au dernier livre de Schlink, Olga, qui explorait les liens entre l’Allemagne bismarckienne du XIXsiècle, le nazisme et le terrorisme rouge des années 1970. L’un des premiers romans de Schlink, Le liseur, porté à l’écran avec Kate Winslet, était un témoignage troublant sur la banalité du mal nazi.

Au départ, Bernhard Schlink s’est fait un nom avec la série détective Gerhard Selb. Ce personnage d’homme bon, mais pour qui la femme est une énigme impénétrable, est au cœur de l’intrigue dans La petite-fille et Olga. L’humilité de l’auteur face aux démons allemands et aux limites sociales de certains hommes de sa génération est touchante.

La petite-fille

La petite-fille

Gallimard

337 pages

8,5/10