Le polar Les brouillards noirs ne contribuera certainement pas à une recrudescence du tourisme aux îles Féroé, un archipel danois : la météo y est exécrable et les habitants sont représentés comme des rustres sanguinaires.

L’auteur, le Français Patrice Gain, ne pèche pas par excès de subtilité. Son roman constitue une charge frontale contre la chasse aux baleines et aux dauphins aux îles Féroé, une activité traditionnelle qu’il décrit avec beaucoup de sang et de viscères.

Les brouillards noirs raconte l’histoire de Raphaël Chauvet, un violoncelliste qui part à la recherche de sa fille Maude, disparue alors qu’elle participait à une campagne de l’organisation Ocean Keeper contre la chasse aux baleines. Dans cette histoire, les jeunes militants de l’ONG sont les bons, les Féroïens sont les méchants. Il existe bien quelques habitants qui sont contre la chasse, mais ils n’osent pas faire connaître leur opinion. Une Féroïenne exprime toutefois ce que plusieurs lecteurs de l’Est canadien, qui ont vu des ONG et des célébrités débarquer pour condamner la chasse aux phoques, pourraient penser : « Dites à votre fille et à ses copains que s’ils veulent que ça arrête, il ne faut plus venir. Le temps et la pollution des océans feront la job mieux qu’eux. »

Il faut reconnaître que Patrice Gain sait comment créer une atmosphère inquiétante, étouffante. L’intrigue est bien menée, il n’y a pas de temps mort. On peut s’interroger sur les choix de Raphaël, mais on comprend ses motivations. Toutefois, le néo-colonialisme bien-pensant qui sous-tend le texte peut finir par agacer.

Les brouillards noirs

Les brouillards noirs

Albin Michel

284 pages

6/10