C’est une histoire digne d’un film hollywoodien. Le candidat négligé de Survivor Québec, celui que ses coéquipiers sous-estimaient et qui a été rejeté par toutes les alliances, a été élu dimanche soir le survivant ultime de la téléréalité de Noovo, encaissant un juteux chèque de 100 000 $, qui lui permettra de s’acheter autre chose que du riz blanc pour souper.

Et quelques minutes avant son éclatante victoire, le solitaire Nicolas Brunette, 25 ans, est tombé dans les pommes, à quelques centimètres d’un gros feu. Ce dernier conseil de tribu aura donc été dramatique jusqu’à la toute fin, médic, médic !

Nicolas, un agent en communication et marketing de Gatineau, a très bien vendu sa salade aux huit membres du jury. Pas mal plus que le pauvre Christophe, qui en a arraché et qui a raté sa chance de vanter son parcours, plus impressionnant que celui de Nico, il faut le dire.

Oui, Nicolas a excellé à l’île de la Rédemption, où il a remporté les quatre affrontements, avant de réintégrer Pag-Asa. C’était brillant. Mais avant la fusion de Tiyaga et Kalooban, le roi de la Rédemption, tel qu’adoubé par Patrice Bélanger, a été effacé, inefficace et menotté. Son CV atypique ne reluisait pas tant.

Par contre, le jury a tout avalé et a cru la façon dont Nicolas dit avoir tiré les ficelles des duos de Kalooban, pour qu’ils se retournent les uns contre les autres. C’était, comment dire, trop subtil et caché pour être vrai. Il a bien joué Nico, mais pas à ce point-là.

Le capital de sympathie qu’il a accumulé en manœuvrant au bas de la pyramide a fait pencher la balance de son côté.

Sur papier, c’est Christophe Tiffet, le col bleu de Boisbriand, qui méritait de gagner. D’abord, il n’a pas pu se reposer deux semaines à l’île de la Rédemption. Ensuite, au premier jour de l’aventure, Chris Tie Dye, 40 ans, a formé une puissante alliance avec la podiatre Kimberly Fortin, 25 ans, et l’opérateur en aluminerie Jean-Junior Morin, 41 ans, alliance qui a duré 44 jours. Tout un exploit.

En plus de sa joute sociale aiguisée, Christophe a raflé des épreuves physiques et il a eu le flair de protéger sa complice Kimberly, quitte à sacrifier son jumeau cosmique JJ pour progresser en finale.

Le problème de Chris ? Il a souvent eu l’air perdu dans les tractations de coulisses, il ne comprenait rien.

Quant à la discrète Kimberly, qui habite Mascouche, c’est elle qui a orchestré l’éviction spectaculaire de JJ, le candidat le plus menaçant et le plus redoutable de cette première saison.

Il a cependant fallu attendre le jour 41 – sur un total de 44 – pour que Kim révèle son côté stratégique. C’était trop peu, trop tard.

On a aussi vu dimanche que Karine Lavigne-Fortin, la prof de karaté de 37 ans, a été secouée par son élimination en début d’épisode. Elle a refusé de poser des questions aux trois finalistes et n’a plus ouvert la bouche du reste de la soirée.

Kim, Nico et Chris ont bien fait d’expulser Karine, car c’est elle qui aurait été couronnée par le jury si elle avait franchi la dernière étape. Concentrée et combattante, Karine a été la plus forte des 20 participants de Survivor Québec. Non seulement elle triomphait dans les défis et elle enfilait les colliers d’immunité, mais aussi elle encourageait et coachait les plus faibles, dont Justine la fonctionnaire gatinoise de 25 ans.

Après la fusion, l’athlétique Karine a réussi à obtenir la confiance des deux joueurs dominants, JJ et Chris, du Chris & JJ Show, pour créer les trois mousquetaires, qui ont contrôlé la deuxième moitié de la saison. Son « gros coup » devant le jury, où elle a dégainé son immunité périmée, a été fatal pour elle.

Personne n’a compris le sens de la manœuvre et Karine, très, très intense, a coulé au fond à cet instant.

Pendant plusieurs semaines, JJ a été critiqué pour son rôle de gourou dans la tribu. C’est vrai que son règne écrasant a étouffé toute possibilité de revirement. En même temps, si un gourou comme JJ impose sa vision sur une île, c’est parce que des gens endoctrinés le suivent aveuglément. JJ aurait été nono de ne pas exploiter son pouvoir hypnotique.

Opinion impopulaire, ici : pour un concurrent qui a été écarté aussi rapidement de la partie, Joël Dandurand, 30 ans, a pris beaucoup trop de place au dernier conseil de tribu. Il aurait pu enlever quelques bûches dans le poêle de son discours enflammé.

Cette première saison de Survivor Québec n’a pas fait pic-pic en comparaison avec la version américaine. Ça étincelait dans nos télés. Également, l’animateur Patrice Bélanger a été particulièrement habile, surtout pendant les conseils de tribu corsés, où il décochait des petites flèches aux membres des tribus qui tentaient de l’endormir.

En prévision de la deuxième saison, il faut absolument que la production arrête de s’autodivulgâcher, ça ne fait pas sérieux. Travailler aussi fort pour saboter soi-même ses propres secrets, ça vaut deux tapes et un pow.