The Weeknd a fermé le chapitre 2017 d'Osheaga dimanche soir avec une prestation explosive, devant une armée d'admirateurs venus boire leur dose de gloire désabusée, de plaisirs hallucinés et de sexe sans lendemain.

À Osheaga en 2012, il était cet artiste de 22 ans prometteur dont les trois mixtapes clignotaient sur les écrans radars des mélomanes. Le fils chéri de Toronto, Abel Tesfaye de son vrai nom, a depuis choisi d'embrasser langoureusement une pop inquiétante - avec pour résultat sa propulsion parmi les plus grandes stars de la musique du moment.

C'est donc un artiste au sommet, muni d'une imposante cargaison musicale, qui était de retour, cette fois-ci pour l'acte final du festival. 

Les programmateurs de l'événement n'ont visiblement pas craint la sursaturation du public montréalais, qui a accueilli The Weeknd il y a deux mois à peine. Mais il faut dire que les festivaliers venant de l'extérieur de la Belle Province sont nombreux, très nombreux.

Après quelques accords de fin du monde, le Starboy fait son entrée sur la pièce du même nom, comme pour souligner à grands traits ce statut que plus personne ne peut nier. Au-dessus de la scène, une structure triangulaire crache des flammèches sur le roi de la soirée.

Gonflé à bloc, Tesfaye donne le tempo à la fête qui se déroule à perte de vue sur le parterre. S'adressant régulièrement à la foule, il est obéi par des dizaines de milliers de personnes venues communier avec lui à l'autel des tentations interdites. 

The Weeknd clame sa joie de retrouver Montréal et débite rapidement les pièces de ses albums Starboy et Beauty Behind the Madness. À Party Monster, on a la confirmation que l'homme est très en forme, alors qu'il joue de toutes les nuances de son falsetto. S'enchaînent ensuite Six Feet Under, Might Not et Sidewalks, notamment. Il ne nous épargnera pas Often, sa chanson XXX.

Des cris aigus se sont fait entendre dès les premières mesures d'Earned It, composée pour le film 50 Shades of Grey. Mais pas question de se laisser aller à un moment de faiblesse : une guitare hurlante se charge de donner à cette ballade sensuelle un air menaçant.

Et c'est reparti pour un tour de piste. Quand I Can't Feel my Face surgit de Secrets, c'est toute l'île Notre-Dame qui saute au même rythme.

Puis, un moment de flottement. Les projecteurs éclaboussent de rose le chanteur. Que se passe-t-il? Ce n'était que la pause nécessaire pour se transporter dans l'amoureuse I Feel It Coming. Qui se conclut avec une pétarade de feux d'artifices.

Le maître de cérémonie s'éclipse alors, après un salut et un «I love you».

Mais la foule n'y croit pas, ou alors elle a développé au cours du spectacle une dépendance qui ne tolère pas de devoir être sevrée si rapidement. 

The Weeknd ne se fera pas prier longtemps. Le voilà qui rapplique avec The Hills, lourde à souhait. Une dernière fois, le parterre s'enflamme. Car c'est comme ça qu'on chante quand on a traversé les déluges de la fin de semaine. C'est comme ça qu'on danse quand nos baskets sont encore crottées de la boue de la veille. C'est comme ça qu'on se défoule avec The Weeknd. 

Ce dernier disparaîtra, pour vrai cette fois, alors que résonne encore le long cri de The Hills, dont on ne sait trop s'il exprime le désespoir ou l'extase.

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

Les fans de The Weeknd quelques instants avant l'entrée en scène du chanteur.